Nigeria : Sous le feu jihadiste, l’armée veut reprendre la main

En première ligne face à l’intensification des violences jihadistes, le chef d’état-major des armées nigérianes, le général Christopher Musa, s’est rendu ce jeudi à Maiduguri, épicentre du conflit dans le nord-est du Nigeria. Cette visite intervient alors que les troupes déployées dans la région subissent, depuis plusieurs semaines, une série d’attaques coordonnées menées par les groupes armés Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP).

Face à la presse, le général s’est voulu rassurant : « La situation actuelle est temporaire. Elle ne durera pas », a-t-il affirmé, évoquant le renforcement des capacités opérationnelles sur le terrain. Du matériel militaire serait actuellement en cours d’acheminement vers les zones les plus exposées.

Le nord-est du Nigeria, notamment l’État de Borno dont Maiduguri est la capitale, reste l’un des foyers les plus actifs de l’insurrection jihadiste qui sévit depuis 2009. En seize ans, ce conflit a fait plus de 40 000 morts et contraint quelque deux millions de personnes à fuir leur domicile, selon les Nations unies.

Le gouverneur de Borno a d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme, affirmant que les forces armées perdaient du terrain face à la pression des groupes terroristes. Une situation exacerbée par les tensions géopolitiques régionales. « La pression exercée au Mali, au Tchad et au Niger retombe sur le Nigeria », a expliqué le général Musa, soulignant l’impact du retrait du Niger de la Force multinationale mixte (FMM) en mars dernier, et les menaces de désengagement du Tchad.

Pour endiguer l’insécurité, plusieurs pistes sont envisagées. Le chef de l’armée a notamment évoqué la possibilité de fermer physiquement certaines frontières du pays, aujourd’hui jugées trop perméables aux infiltrations armées.

Ces déclarations font écho à une annonce récente du président Bola Tinubu : la création d’une unité spéciale de « gardes forestiers » chargée de sécuriser les zones boisées du pays, souvent utilisées comme repaires par les groupes criminels. « Ils traqueront les terroristes et les bandes armées », selon un communiqué officiel, ajoutant que l’objectif est de mieux protéger les 1 129 forêts du pays.

En dépit des efforts conjoints entre l’armée et les milices locales, l’insécurité persiste dans de nombreuses régions, alimentée par une instabilité régionale croissante et des ressources militaires encore trop limitées. La bataille du nord-est nigérian est loin d’être terminée.