Crise en Libye : L’Algérie en alerte face aux tensions à Tripoli

La Libye s’enfonce à nouveau dans l’instabilité. A Tripoli, la situation sécuritaire du chef du gouvernement, Abdelhamid Dbeibah, semble de plus en plus précaire, au point que le régime algérien aurait envoyé des experts militaires sur place pour évaluer la situation et envisager d’éventuelles mesures de soutien, selon de sources bien informées.

D’après les observateurs, le Maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’Est libyen, pourrait tenter de renverser Dbeibah dans les jours à venir.

Face à ces tensions, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a rappelé que la Libye de Tripoli constitue une « ligne rouge ». Une déclaration lourde de sens, qui reflète la volonté de l’Algérie de maintenir un équilibre régional en évitant que Tripoli, frontalière avec le sud algérien, ne tombe sous le contrôle d’Haftar.

Tebboune n’a pas exclu une intervention militaire algérienne si la capitale venait à être menacée, une première dans la politique étrangère récente du pays.

La position de l’Algérie est d’autant plus ferme que de récentes déclarations informelles, relayées dans l’entourage du Maréchal Haftar, auraient évoqué la région algérienne d’Illizi, riche en ressources naturelles, comme faisant historiquement partie d’un espace tribal et géographique lié à la Libye.

Sur le terrain, la tension reste palpable. Le samedi 17 mai, Abdelhamid Dbeibah a pris la parole après plusieurs jours de combats violents à Tripoli, marqués par des tirs d’obus et de roquettes jusqu’au cœur du centre-ville. Des centaines de manifestants ont exprimé leur rejet du Premier ministre, qu’ils accusent d’avoir perdu le contrôle de la situation.

Dans son discours, Dbeibah a tenté de reprendre la main. Il a justifié l’assassinat, le 12 mai, d’Abdelghani Gheniwa el Kikli, chef du puissant groupe SSA (Dispositif de soutien à la stabilité), en affirmant que certaines milices s’étaient développées de manière incontrôlable.

Dans une tentative d’apaisement, Dbeibah a tendu la main à la Force Radaa, qui contrôle notamment l’est de Tripoli et l’aéroport. C’est la dissolution de cette force, annoncée le 13 mai, qui avait provoqué l’escalade des affrontements jusqu’au soir du 14 mai.