La Cour internationale de justice (CIJ) a statué lundi 19 mai 2025 en faveur de la Guinée équatoriale dans un différend frontalier qui l’oppose au Gabon depuis les années 1970 au sujet de trois îlots en mer, potentiellement riches en hydrocarbures.
Les territoires concernés, Mbanié (environ 30 hectares), Cocotiers et Conga, sont inhabités mais stratégiquement situés dans une zone maritime supposée riche en pétrole et en gaz. Ils se trouvent à une dizaine de kilomètres des côtes équato-guinéennes et à une vingtaine de celles du Gabon.
Le Gabon revendiquait ces îlots en s’appuyant sur la « convention de Bata », signée en 1974. Toutefois, la CIJ a estimé que ce texte ne constituait pas un traité international valable et ne pouvait donc fonder un droit de souveraineté. Selon la Cour, le seul titre juridique valide provient d’un accord entre les anciennes puissances coloniales, la France et l’Espagne, signé en 1900, et transféré à la Guinée équatoriale lors de son indépendance en 1968.
A la différence de nombreux litiges, les deux États africains avaient conjointement saisi la CIJ pour trancher sur la validité des textes juridiques existants, sans demander explicitement que soit désigné un souverain légitime.
Après le verdict, le représentant du Gabon, Guy Rossatanga-Rignault, a reconnu la nécessité de négociations bilatérales pour résoudre les différends frontaliers persistants, affirmant que « le Gabon et la Guinée équatoriale sont condamnés à vivre ensemble ».
Lors des audiences, la Guinée équatoriale a qualifié la convention de Bata d’illégitime, évoquant une « photocopie non authentifiée » apparue subitement lors de discussions en 2003. Son avocat, Philippe Sands, a dénoncé des documents « invraisemblables », tandis que le vice-ministre équato-guinéen des Hydrocarbures a accusé le Gabon d’occuper illégalement les îlots depuis 1972.
De son côté, la juriste gabonaise Marie-Madeleine Mborantsuo a défendu la convention de Bata, tout en admettant qu’aucun des deux pays ne possède l’original, en raison d’une mauvaise conservation des archives à l’époque.