France : Boualem Sansal, détenu en Algérie, reçoit le prix littéraire Cino Del Duca

Malgré son incarcération en Algérie depuis six mois, l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal a été honoré mercredi par le prix mondial Cino Del Duca, prestigieuse distinction littéraire française. Ce prix récompense « la force d’un écrivain qui continue, au-delà des censures, de faire entendre une parole libre et profondément humaniste », a souligné le jury.

Agé de 80 ans, Sansal a été arrêté en novembre 2024 à l’aéroport d’Alger, puis condamné en mars dernier à cinq ans de prison. En cause, des propos tenus en octobre dans un entretien accordé au média français d’extrême droite Frontières, dans lequel il affirmait que l’Algérie aurait hérité, durant la colonisation française, de territoires historiquement marocains. Un procès en appel est prévu pour le 24 juin.

Le prix Cino Del Duca, doté de 200 000 euros, est décerné chaque année depuis 1969 par la Fondation Simone et Cino Del Duca. Il récompense l’ensemble d’une œuvre qui transmet « un message d’humanisme moderne », qu’elle soit littéraire ou scientifique. 

Boualem Sansal rejoint ainsi un palmarès prestigieux où figurent Andreï Sakharov, Milan Kundera, Jorge Luis Borges, ou encore Léopold Sédar Senghor. En 2019, c’est Kamel Daoud, autre écrivain algérien, qui avait été distingué.

L’attribution de ce prix intervient dans un contexte diplomatique tendu entre l’Algérie et la France, marqué depuis l’été 2024 par un gel des coopérations bilatérales et une série d’expulsions réciproques de diplomates. 

Ce climat complique également la défense de Sansal. Son avocat français, désigné par son éditeur Gallimard, n’a toujours pas obtenu de visa pour se rendre en Algérie.

Ce prix apparaît donc aussi comme un geste de soutien symbolique à un écrivain dont la voix reste étouffée dans son propre pays, mais entendue au-delà des frontières.