Hier, un semblant de calme était revenu à Kidal. Ce, après un week-end perturbé par un vague d’arrestations effectuées par les Touaregs du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) et décriées comme ne visant que les communautés noires.
Soupçonnant des infiltrations, les rebelles du MNLA n’ont pas hésité dimanche à embarquer des Peuls, des Songhaïs et des Tamasheqs noirs, dont, dans le lot, certains militaires de l’armée régulière. Pour s’expliquer, le groupe armé a soutenu qu’ils seraient des espions à la solde de l’Etat malien. Un motif qui n’a pas du tout convaincu une bonne partie de la population de Kidal : ainsi, d’aucuns pensaient que le MNLA fait simplement la chasse aux Noirs, avec toutes les tensions raciales qui s’ajoutent aux difficultés sécuritaires et socio-économiques de cette région. Malgré ces critiques, le MNLA a tenu à retenir les militaires et les personnes liées aux services de renseignement comme prisonniers, tout en promettant de libérer les innocents. Finalement, dans la soirée, les maîtres de la ville ont décidé de libérer une trentaine de personnes, après les avoir identifiées. Aux dernières nouvelles, ils ont gardé une dizaine de prisonniers, des militaires maliens selon les dires du chargé des droits de l’Homme au conseil transitoire de l’Azawad. Cette autorité du MNLA a tout de même laissé la possibilité d’un échange de détenus avec Bamako.
Pour l’heure, le gouvernement central, qui a déploré « une épuration raciale » par la voix de son porte-parole, n’est pas toujours prêt à négocier la présence de l’armée à Kidal. Les deux parties se retrouveront très prochainement à Ouagadougou. Une fois de plus, les débats promettent d’être houleux.