L’opposante tunisienne Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre (PDL), a été condamnée jeudi à deux ans de prison pour diffusion de fausses informations, conformément au décret-loi présidentiel 54, a annoncé son avocat, Me Nafaa Laribi.
La justice tunisienne a estimé que les critiques formulées par Mme Moussi à l’encontre de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), fin 2022, constituaient un crime. Lors d’une conférence de presse, elle avait qualifié le processus électoral de « faussé » et anticonstitutionnel, ce qui a conduit à sa condamnation.
Abir Moussi, connue pour ses attaques virulentes contre le président Kais Saied et contre le mouvement islamo-conservateur Ennahdha, est détenue depuis octobre 2023. Elle avait alors été arrêtée devant le palais présidentiel, où elle s’était rendue, selon son parti, pour déposer des recours contre plusieurs décrets présidentiels.
Le 26 mai dernier, Mme Moussi avait déjà terminé de purger une peine de 16 mois d’emprisonnement dans une autre affaire liée également à une plainte de l’ISIE. Initialement condamnée à deux ans en août 2024, sa peine avait été réduite à un an et demi en appel.
« Le tribunal s’est empressé de prononcer cette nouvelle condamnation pour éviter sa libération », a dénoncé son avocat.
La cheffe du PDL est aussi poursuivie pour des faits plus graves, notamment « d’attentat contre la forme du gouvernement », une accusation selon laquelle elle aurait cherché à restaurer un régime semblable à celui de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011 lors de la révolution tunisienne.
Elle n’est pas la seule opposante visée par la justice. Rached Ghannouchi, leader du mouvement Ennahdha, a été condamné en février à 22 ans de prison pour complot contre la sûreté de l’Etat. D’autres figures politiques, journalistes et citoyens sont également poursuivis en vertu du décret-loi 54, promulgué en septembre 2022 pour lutter officiellement contre les « fausses informations ».
Mais ce texte est largement dénoncé par les défenseurs des droits humains. Selon la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, environ 400 personnes dont des blogueurs, journalistes et militants sont poursuivies à ce jour en vertu de ce décret, accusé d’être utilisé pour museler la liberté d’expression.