Au Togo, une enquête judiciaire a été ouverte après la découverte de cinq corps dans deux plans d’eau de la capitale, Lomé, à la suite des manifestations qui ont agité le pays fin juin. L’annonce a été faite dimanche soir par le procureur de la République, Talaka Mawama, lors d’une intervention sur la télévision publique.
Les autorités togolaises, jusque-là discrètes sur le bilan humain, évoquaient prudemment des « cas de noyade ». La gendarmerie avait reconnu deux décès. Mais du côté de l’opposition et des organisations de la société civile, le chiffre est plus élevé : sept morts, tous à Lomé, dont les forces de l’ordre seraient responsables selon leurs accusations. Amnesty International a également réclamé une enquête indépendante, mentionnant en outre des blessés, des arrestations arbitraires et des violences commises par des agents de sécurité et des groupes non identifiés contre les manifestants.
Selon le parquet, les faits ont débuté le vendredi 27 juin. Ce jour-là, deux jeunes hommes de nationalité béninoise, âgés de 23 et 25 ans, ont été retrouvés sans vie dans le quatrième lac d’Akodessêwa. « Les premiers éléments d’enquête font état d’une noyade remontant à environ 48 heures, soit avant le début des manifestations », a précisé le procureur.
Le même jour, deux autres corps ont été repêchés dans la lagune de Bè. L’un était celui d’un collégien, dont la famille a récupéré le corps sans qu’un examen médico-légal n’ait pu être pratiqué. L’autre, un adolescent de 15 ans, a été examiné par des experts, qui ont également conclu à une noyade.
Enfin, le samedi 28 juin, un cinquième corps a été repêché par des riverains, toujours dans la lagune de Bè. Il s’agissait d’un jeune homme de nationalité gabonaise, âgé de 21 ans, également mort noyé, selon les autorités.
« Une enquête judiciaire contre X a été ouverte pour faire toute la lumière sur ces décès », a annoncé le procureur Mawama, précisant que les investigations étaient en cours.
Ces décès surviennent dans un climat social et politique tendu. En juin, deux vagues de manifestations ont secoué le pays, déclenchées par plusieurs facteurs : l’arrestation de figures de l’opposition, la hausse du coût de l’électricité, et surtout, une réforme constitutionnelle controversée adoptée en 2024. Celle-ci permet au président Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, de renforcer davantage son emprise sur l’appareil d’État.
