Au Soudan, la crise politique s’enlise alors que les Forces de soutien rapide (FSR), une puissante milice paramilitaire, ont annoncé samedi la nomination d’un Premier ministre, près de cinq mois après avoir déclaré leur intention de constituer un gouvernement rival dans les zones qu’elles contrôlent.
C’est Mohamed Hassan al-Ta’ayshi, ancien membre du Conseil souverain de transition entre 2019 et le coup d’Etat militaire de 2021, qui a été désigné pour diriger ce nouvel exécutif baptisé « gouvernement de paix et d’unité », selon le porte-parole des FSR, Alaa El-Din Naqqad.
Cette décision marque une nouvelle étape dans la stratégie des FSR pour installer un pouvoir parallèle, en défi direct à l’autorité du gouvernement reconnu par la communauté internationale, actuellement dirigé par l’ancien haut fonctionnaire de l’ONU, Kamil Idris.
Sur le terrain, le pays est morcelé en deux. L’armée conserve la main sur le nord, l’est et le centre, y compris la capitale Khartoum, récemment reprise et de leur côté, les FSR contrôlent la majeure partie du Darfour (ouest) et certaines zones du Kordofan (centre-sud), où de violents affrontements ont récemment causé la mort de centaines de civils, selon des organisations locales de défense des droits humains.
Dans la foulée de la nomination du Premier ministre, les FSR ont également annoncé la formation d’un conseil présidentiel de 15 membres, dirigé par leur chef le général Mohamed Hamdan Dagalo, avec pour vice-président le chef rebelle Abdelaziz al-Hilu, qui tient plusieurs zones dans le sud du pays.
Parmi les figures nommées, El-Hadi Idris est désigné gouverneur du Darfour. Une nomination qui crée une situation inédite ; la région compte désormais deux gouverneurs rivaux, l’autre étant Minni Arko Minawi, soutenu par l’armée.
La formation de ce gouvernement parallèle s’appuie sur une charte politique signée en février à Nairobi, fruit d’un rapprochement entre les FSR et plusieurs groupes armés et civils alliés.
Cette escalade intervient plus de deux ans après le début du conflit opposant le général Abdel Fattah al-Burhan, chef de l’armée, à Dagalo. Les deux hommes, anciens alliés dans la chute du président Omar el-Béchir en 2019, avaient orchestré ensemble un coup d’Etat en 2021, avant de devenir les protagonistes d’une lutte meurtrière pour le pouvoir.
Soudan : Les Forces de soutien rapide nomment un Premier ministre et forment un gouvernement parallèle
