La raffinerie Dangote, la plus grande d’Afrique, commence ce vendredi à expédier du carburant directement aux distributeurs nigérians, sans frais intermédiaires. Une première qui pourrait transformer durablement le paysage énergétique du Nigeria.
Propriété d’Aliko Dangote, l’homme le plus riche du pays, cette installation d’une capacité de 650 000 barils par jour, opérationnelle depuis 2023, ambitionne de rationaliser la distribution et de proposer des prix plus compétitifs, selon l’AFP. Elle intervient dans un contexte post-suppression des subventions aux carburants, qui avait fait bondir les prix à la pompe en mai 2023.
Longtemps exportateur de brut vers l’Europe pour raffinage, le Nigeria, pourtant premier producteur de pétrole du continent avec 1,5 million de barils par jour, a souffert de pénuries récurrentes et d’un système dominé par les importations coûteuses et les intermédiaires puissants. Les quatre raffineries publiques, d’une capacité totale de 445 000 barils/jour, sont peu fonctionnelles, plombées par la corruption et la mauvaise gestion.
Avec la raffinerie Dangote, le pays amorce un virage vers l’autosuffisance. Pour assurer la distribution nationale, le groupe a mobilisé 4 000 camions roulant au gaz naturel comprimé, une alternative aux 20 000 camions diesel du marché actuel. Selon le groupe, cette logistique plus verte réduira les coûts et les pressions inflationnistes.
Mais ce bouleversement suscite des inquiétudes. L’Association des distributeurs indépendants redoute la formation d’un monopole. Certains, comme le directeur de l’Association des principaux distributeurs, estiment que les effets sur les prix pourraient rester limités.
Côté entreprises, les impacts se font déjà sentir : Oando a vu ses revenus baisser de 15 % au premier semestre 2025. Même constat pour TotalEnergies Marketing Nigeria. Malgré tout, le directeur d’Oando, Wale Tinubu, salue une « évolution positive vers l’autosuffisance ».
Une deuxième raffinerie privée, développée par BUA Group, est également en cours de construction. En toile de fond, le secteur pétrolier reste marqué par la pollution, les vols de brut et des accidents fréquents impliquant des camions-citernes, autant de défis que le Nigeria devra surmonter pour que son virage énergétique profite durablement à sa population.
