Ethiopie : Le mégabarrage du Nil bientôt inauguré, un projet à un milliard de dollars par an

Le Grand barrage de la Renaissance (GERD), imposante infrastructure hydroélectrique construite sur le Nil Bleu, sera officiellement inauguré en septembre, a annoncé lundi le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed. Ce projet emblématique, source de vives tensions avec l’Egypte et le Soudan, devrait générer à terme un milliard de dollars de revenus annuels pour l’Éthiopie.

Lancé en 2011 pour un coût estimé à 4 milliards de dollars, le GERD est présenté comme le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique. Il mesure 1,8 kilomètre de large pour 145 mètres de haut, et vise une capacité de production de 5.000 mégawatts, soit le double de la capacité actuelle de l’Éthiopie.

« Nous attendons un milliard de dollars par an grâce au barrage. Cet argent servira à financer d’autres projets », a déclaré Abiy Ahmed lors d’un entretien diffusé sur les médias publics. Il a également promis de futurs chantiers similaires « dans les cinq, dix ou quinze prochaines années », affirmant la capacité du pays à mener à bien ses ambitions énergétiques.

Situé à une trentaine de kilomètres de la frontière soudanaise, le barrage suscite l’inquiétude de Khartoum et du Caire, qui dénoncent un projet unilatéral menaçant leur accès à l’eau. 

L’Egypte, qui dépend du Nil à 97 % pour ses besoins hydriques, qualifie le GERD de « menace existentielle ».

« Beaucoup de nos amis ont exprimé leurs inquiétudes, certains sont allés jusqu’à nous menacer devant le Conseil de sécurité de l’ONU », a rappelé le Premier ministre. « Mais le barrage n’a pas fait perdre un seul litre d’eau au Soudan ou à l’Egypte. Nous ne voulons pas qu’il soit source d’inquiétude ». 

Avec près de 130 millions d’habitants et une démographie en forte croissance, l’Ethiopie fait face à une demande énergétique croissante. Selon la Banque mondiale, près de 60 millions d’Ethiopiens vivaient encore sans accès à l’électricité début 2025. Le GERD est donc perçu à Addis-Abeba comme un levier essentiel pour le développement économique et l’autosuffisance énergétique du pays.