CPI : Première audience par contumace contre le chef de guerre Joseph Kony

La Cour pénale internationale (CPI) ouvre ce mardi à La Haye une audience historique visant Joseph Kony, fondateur en fuite de la sanguinaire Armée de résistance du Seigneur (LRA). Accusé de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, il est visé par 39 chefs d’accusation, allant du meurtre à l’esclavage sexuel, en passant par l’enrôlement forcé d’enfants.

C’est la première fois que la CPI organise une audience de mise en accusation en l’absence de l’accusé. Si les charges sont confirmées après trois jours d’auditions, un procès ne pourra néanmoins être ouvert qu’en cas d’arrestation de Kony, toujours introuvable depuis près de 20 ans.

Créée à la fin des années 1980, la LRA prétendait instaurer un régime basé sur les Dix Commandements. Elle a pourtant semé la terreur dans le nord de l’Ouganda, causant la mort de dizaines de milliers de personnes. Selon l’ONU, au moins 100 000 civils ont été tués et plus de 60 000 enfants enlevés pour devenir soldats ou esclaves.

Les témoignages évoquent des atrocités d’une extrême violence : villages incendiés, décapitations, mutilations, enfants contraints de tuer leurs proches à la machette ou de mordre à mort des captifs. Les filles, elles, étaient réduites à l’esclavage sexuel, y compris par Kony lui-même.

Malgré un mandat d’arrêt lancé dès 2005, le tout premier de la CPI, Joseph Kony échappe toujours à la justice. Il serait caché dans une forêt dense d’Afrique centrale. Une campagne mondiale en 2012, « Kony 2012 », avait brièvement ravivé la pression internationale. Même une mission militaire soutenue par les États-Unis, lancée par Barack Obama, a échoué à le capturer.

La défense a qualifié cette audience de « vaine », dénonçant un gaspillage de ressources. Mais pour les procureurs, elle permet de préparer un éventuel procès et, surtout, de donner une voix aux victimes.

Aujourd’hui, la LRA est considérablement affaiblie, réduite à une poignée de combattants dispersés en Afrique centrale. Kony, lui, reste le symbole d’une barbarie encore impunie.