Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a annoncé mardi avoir sollicité une médiation internationale, notamment américaine et européenne, pour trouver une « résolution pacifique » du différend avec l’Érythrée, concernant l’accès de son pays à la mer. Cette demande intervient dans un contexte de tensions croissantes entre les deux voisins de la Corne de l’Afrique.
Depuis l’indépendance de l’Erythrée en 1993, l’Ethiopie, deuxième pays le plus peuplé du continent avec 130 millions d’habitants, se trouve enclavée. Depuis plusieurs mois, Abiy Ahmed insiste sur la nécessité pour son pays de disposer d’un accès maritime, tandis qu’Asmara accuse l’Ethiopie de viser le port érythréen stratégique d’Assab.
« Nous n’avons aucune intention d’entrer en guerre avec l’Erythrée », a déclaré le Premier ministre éthiopien devant les parlementaires, soulignant que la question pouvait être réglée de manière pacifique. Abiy a également précisé avoir discuté de cette demande avec plusieurs acteurs internationaux, y compris les Etats-Unis, la Chine, la Russie, l’Union africaine et l’Union européenne. Selon lui, la demande d’accès à la mer est « irréversible » et nécessite une solution durable, d’où l’appel à la médiation des puissances internationales.
Cette déclaration survient dans un climat de tensions renouvelées entre les deux pays, ravivant les craintes d’un nouveau conflit. En effet, l’Ethiopie et l’Erythrée s’étaient affrontées dans une guerre meurtrière entre 1998 et 2000, à la suite de différends frontaliers. Bien que les relations se soient réchauffées après l’accord de paix historique signé en 2018 sous l’impulsion d’Abiy, qui a obtenu le prix Nobel de la paix pour cet acte, les relations ont de nouveau pris une tournure négative.
La fin du conflit du Tigré, où l’armée érythréenne a soutenu les forces éthiopiennes contre les rebelles tigréens, n’a pas apaisé les tensions. En octobre dernier, l’Ethiopie a accusé l’Erythrée de financer des groupes armés opposés aux forces fédérales, notamment en région Amhara. Asmara a rejeté ces accusations, les qualifiant de « mascarade mensongère ». Ces développements mettent en lumière la fragilité de la paix dans cette région déjà meurtrie par des décennies de conflits.
