Algérie : Tindouf la zone grise où Alger a laissé naître un Etat dans l’Etat

Depuis un demi-siècle, la région de Tindouf s’est transformée en un territoire hors contrôle où le Polisario et la soi-disant République arabe sahraouie démocratique (RASD) règnent en maîtres absolus.

Sur un territoire algérien, une entité étrangère exerce une souveraineté de facto, une diplomatie parallèle et une administration complète, sous le regard complaisant ou impuissant des autorités algériennes.

Ce que des juristes et spécialistes internationaux décrivent sans détour :

Tindouf est devenue une cité-Etat sahraouie, un espace soustrait à l’autorité algérienne, où le Polisario agit comme un gouvernement installé non pas en exil, mais en pleine terre algérienne. Une anomalie politique et juridique que l’Algérie traîne depuis cinquante ans comme un fardeau devenu ingérable.

A Tindouf, le décor est sans équivoque : ministres, président, assemblée nationale, milices armées, contrôle social, administration interne… Tout y fonctionne comme dans un Etat indépendant. Pendant qu’Alger proclame sa souveraineté, le Polisario, lui, la pratique.

Les déplacements de Brahim Ghali entre Tindouf et Alger illustrent parfaitement cette dérive : un président circulant sur le territoire algérien comme un dirigeant à Tindouf reçu par un Etat algérien.

Le paradoxe atteint son sommet lorsque l’on rappelle que le Polisario dispose d’une représentation diplomatique officielle à Alger. Une organisation née sur le sol algérien, qui s’y implante, y gouverne une population et y installe ses ambassades. Une aberration géopolitique que seule l’Algérie semble considérer comme raisonnable.

La vérité est plus brutale : la wilaya de Tindouf est devenue un territoire autonome échappant à la souveraineté algérienne, un précédent unique au monde.

Depuis cinquante ans, des générations de Sahraouis naissent, vivent et meurent à Tindouf sans connaître un autre horizon que celui du Polisario. Beaucoup possèdent des passeports algériens, preuve supplémentaire de l’enchevêtrement politique entretenu par Alger.

Brahim Ghali s’est même arrogé le droit d’attribuer une « nationalité sahraouie » à une militante italienne, comme si un territoire lui appartenait en propre, sans l’aval du président Abdelmadjid Tebboune ou du chef des armées le général Saïd Chengriha.

Cette cité-Etat que le Polisario a bâti à Tindouf, avec la bénédiction tacite d’Alger, se retourne aujourd’hui contre son parrain. L’Algérie paie le prix d’un demi-siècle d’ambiguïté, de calculs politiques et de renoncement à sa propre souveraineté.

Les bases du droit international sont présentes : population, territoire, gouvernement à Tindouf, réunies sous l’œil passif de l’Etat algérien.

Une situation que des experts occidentaux, tels que D.C. et J.W., qualifient de « réalité parallèle du droit international », où une organisation exerce un pouvoir complet sur un fragment du territoire algérien.

Cette autonomie de terrain s’exprime jusque dans les déplacements du chef du Polisario, Brahim Ghali, régulièrement aperçu en transit entre Tindouf et Alger ainsi qu’à l’étranger, comme s’il oscillait entre deux légitimités de deux pouvoirs souverains.

Faut-il une médiation entre le Polisario et l’Algérie ? La question s’impose tant les deux acteurs, officiellement alliés et politiquement alignés, laissent transparaître des tensions stratégiques que personne n’admet ouvertement.