Mauritanie : Six anciens responsables inculpés pour détournement de fonds publics après un rapport accablant de la Cour des comptes

Six anciens responsables gouvernementaux mauritaniens ont été formellement inculpés pour « détournement de biens publics », deux mois après la publication d’un rapport de la Cour des comptes mettant en lumière des irrégularités graves dans la gestion des finances publiques, a annoncé mardi le parquet de Nouakchott.
Le rapport, rendu public en octobre, porte sur l’exercice 2022-2023 et révèle des pratiques financières préoccupantes. Parmi les anomalies signalées, on trouve des dépenses publiques effectuées en dehors du cadre budgétaire, pour un montant total évalué à plusieurs centaines de millions d’euros, ainsi que des irrégularités dans la gestion des fonds destinés à la lutte contre le Covid-19. Le rapport épingle également des recrutements effectués en violation des procédures légales.
Lors de la publication de ce document, Hemeda ould Ahmed Taleb, président de la Cour des comptes, avait souligné les « dysfonctionnements dans les marchés publics » et une « faiblesse des organes de contrôle interne » au sein de l’administration publique.
Sur les trente responsables mentionnés dans ce rapport, six ont été inculpés pour détournement de fonds publics. Parmi eux, on retrouve Taleb Ould Sid’Ahmed, ancien directeur du port de pêche artisanale de Nouadhibou, capitale économique du pays, et ex-ministre de l’Emploi. Les cinq autres inculpés occupaient des postes de gestion dans diverses administrations publiques.
Le parquet a précisé que les six inculpés ont été remis à la Direction de lutte contre les crimes économiques et financiers pour un approfondissement de l’enquête. Les 26 autres personnes citées dans le rapport bénéficient, quant à elles, d’un non-lieu en raison de « l’insuffisance de preuves », selon le communiqué du procureur.
Cette affaire marque un tournant dans la lutte contre la corruption en Mauritanie, un enjeu de plus en plus au cœur des préoccupations nationales, alors que le pays cherche à renforcer la transparence et la bonne gestion des ressources publiques.