Le chef des opérations des Nations unies John Ging a tiré jeudi la sonnette s’alarme, lors d’une conférence de presse à Genève en rappelant que les risques de génocide en Centrafrique augmentaient de jour en jour.
John Ging revenait d’une mission en Centrafrique où, malgré la présence des forces internationales, la tension reste très forte et chaque jour apporte son lot de morts. Jeudi soir, n selon des sources militaires et humanitaires, au moins sept personnes ont été tuées au cours de plusieurs incidents violents dans un quartier nord de Bangui.
Avec l’effondrement complet du pays, le conflit a toutes les chances de devenir un conflit interreligieux. Le haut-fonctionnaire de l’ONU a dressé un parallèle avec les situations au Rwanda ou en Bosnie au moment où ces pays ont été les théâtres de génocides. L’ambassadeur français aux Nations unies Gérard Araud avait admis en conférence de presse mercredi dernier que les autorités françaises avaient « peut-être sous-estimé la haine entre les communautés chrétienne et musulmane ». Selon le diplomate français, la situation provoquée par cette tension rend pratiquement impossible le travail des militaires déployés et il a conseillé à l’ONU de s’appuyer sur l’avis de psychologues et d’ethnologues pour endiguer les violences.
Une plus grande implication des Nations unies pourrait en effet bientôt survenir. Ainsi le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon devra remettre le mois prochain ses recommandations dans la perspective d’un déploiement de Casques bleus en Centrafrique. Il ne sera effectif qu’après le feu vert du Conseil de sécurité.
En attendant, les forces étrangères dans le pays, les 1 600 militaires français et les 4 000 Casques verts africains ont été renforcés jeudi, par un bataillon rwandais de 850 militaires. Elles tenteront de maintenir le calme dans le pays dont le parlement provisoire doit élire lundi un nouveau président de transition.