« Durant la guerre civile qui a frappé le Libéria de 1989 à 2003, 75% des femmes de ce pays ont été victimes de violences sexuelles », annonce un rapport de l’Overseas Development Institute, l’Institut pour le développement en outre-mer, basé à Londres et publié ce lundi. Plus d’une décennie après la fin de la crise, le même phénomène fait encore rage. Les mères qui ont subi des viols et autres sévices sexuels durant ces quatorze années sombres, voient aujourd’hui, avec traumatisme, leurs filles confrontées au même sort.
Selon le think tank, les causes de cette criminalité sexuelle, l’un des taux les plus élevés au monde, se trouvent dans une culture de l’hyper masculinité développée pendant les temps de guerre et qui persiste encore aujourd’hui, favorisée par une impunité quasi-totale. Expliquant cette triste réalité, Nicola Jones, chercheur à l’ODI, fait remarquer que « les crimes sexuels sont souvent monnaie courante en temps de guerres civiles, et une fois la paix retrouvée, les hommes ont du mal à calmer leur agressivité, et notamment envers le sexe féminin ».
Au Liberia, selon le gouvernement, au moins un millier de cas de violences sexuelles a été signalé l’année dernière, dont dix décès. Mais seuls 137 cas ont été jugés et il n’y a eu que 49 condamnation. 65% des victimes de ces viols sont des enfants âgés de trois à quatorze ans. Les séquelles de ces violences touchent des familles entières. Certains cas relevés sont insupportables, comme celui d’une famille interrogée pendant l’étude de l’ODI et dont la fillette a été violée à l’âge de deux ans. Cela montre que même si les armes ne crépitent plus sur le territoire libérien, l’héritage de la guerre est présent au quotidien et parfois cauchemardesque.