Le groupe islamiste Boko Haram utilise les femmes et jeunes filles enlevées au Nigéria « en première ligne » lors de ses attaques, a révélé l’organisation de défense des droits de l’Homme, Human Rights Watch (HRW), dans un rapport publié lundi 27 octobre, avec le témoignage de plus d’une dizaine d’ex-otages à l’appui.
Ce nouveau rapport fait état de nombreuses séquelles physiques et psychologiques chez ces dernières. L’une d’elles, une jeune fille de 19 ans qui a passé trois mois l’année dernière entre les mains de Boko Haram, rapporte avoir été enrôlée de force sur les lignes de front des islamistes, notamment en portant les munitions lors des combats contre les force de sécurité nigérianes. La même fille dit avoir une fois reçu l’ordre d’égorger, à l’aide d’un couteau, un milicien privé capturé par la secte islamiste. Mais étant horrifiée, elle n’a pas pu le faire. D’autres témoignages évoquent des viols, des violences physiques, des mariages forcés et des conversions à l’islam, parfois avec menace de mort.
Entre avril 2013 et avril 2014, HRW a récolté le témoignage de 30 femmes et jeunes filles au total, dont 12 des 57 lycéennes de Chibok qui ont pu échapper à leurs ravisseurs. L’organisation humanitaire déplore l’absence de prise en charge de ces ex-prisonnières de Boko Haram qui sont livrées à elles-mêmes sans aucun accompagnement psychologique ni protection de la part des autorités nigérianes. Ce nouveau rapport intervient quelques instants seulement après l’enlèvement de 30 autres adolescents, garçons et filles, dans l’Etat de Borno, fief de l’insurrection islamiste, tandis qu’une soixantaine de femmes et jeunes filles ont également été kidnappées dans le même Etat la semaine dernière. Cette série d’événements jette encore un peu plus de discrédit sur la façon dont les autorités nigérianes gèrent le cas de Boko Haram et ses exactions dans le pays.