En froid avec les autorités de Khartoum après des accusations de viol collectif contre l’armée soudanaise, la mission conjointe Union Africaine/ONU au Soudan (Minuad) a été priée de se préparer à quitter ce pays, a-t-on appris en fin de semaine écoulée au près du ministère soudanais des Affaires étrangères.
Quelques jours plus tôt, la Minuad avait été interdite de se rendre dans un village du Darfour où elle devait mener une enquête sur un viol collectif commis par l’armée soudanaise. Ses enquêtes préliminaires n’avaient permis de récolter aucune preuve de viol.
Selon Khartoum, les accusations portées contre l’armée ne sont guère avérées, et ont pour seul but de salir l’image du Soudan. Par ailleurs, le sous-secrétaire du ministère soudanais des Affaires étrangères, Abdallah al-Azraq, estime que la Minuad représente une grande charge pour les finances du Soudan, vu que son personnel doit être protégé par l’armée. En outre, ajoute M. Al-Azraq, « toutes les sommes dépensées pour entretenir la Mission conjointe UA/ONU au Darfour auraient pu servir à développer cette région fortement instable depuis plusieurs années ».
Bien que l’enquête de la Minuad n’ait abouti à aucun résultat concluant, la presse a révélé un rapport secret de cette Mission qui indique que les témoins interrogés dans le village de Tabit étaient intimidés et apeurés par la présence de nombreux soldats en civil et en uniforme. Toujours est-il que les autorités soudanaises ont préféré dessaisir la Minuad de l’enquête, pour la confier plutôt au procureur spécial chargé des crimes commis au Darfour, une région située dans l’ouest du Soudan, déchirée depuis 2003 par un conflit meurtrier qui a fait des milliers de victimes. La Minuad y est déployée depuis 2007 en vertu d’une résolution 1769 du Conseil de sécurité de l’ONU.