Les spécialistes redoutent que l’attentat du 7 mars au cœur de Bamako ne soit le signe précurseur d’un passage des djihadistes d’une tactique d’escarmouches dans le désert à une guérilla urbaine, ce qui pourrait avoir des conséquences graves pour le tourisme et la paix dans tout le Mali.
Par cet attentat, les djihadistes du groupe de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar ont montré qu’ils peuvent se fondre dans la population et intervenir partout dans le pays. Selon les autorités maliennes, l’un des auteurs présumés de l’attentat qui a été abattu dans l’assaut contre un immeuble d’habitation de la capitale y séjournait depuis plusieurs semaines. Le ministre de la Communication Choguel Maïga a établi un lien entre le suspect abattu, l’attentat du 7 mars et un camp d’entraînement présumé découvert quelques jours auparavant près de Bamako grâce à une correspondance entre les munitions retrouvées sur les trois sites. Les cellules dormantes à Bamako sont une nouvelle donne apparue depuis peu qui vient s’ajouter à la dangerosité de la situation. Ces cellules sont alimentées depuis 2012 par les réfugiés des violences dans le nord du pays.
Pour les experts, il est impératif d’arrêter les djihadistes dans leur nouvelle voie avant qu’ils ne s’amplifient. La communauté internationale a choisi pour ce faire d’intensifier la pression qu’elle exerçait sur la rébellion à dominante touarègue pour qu’elle signe un accord de paix paraphé le 1er mars par le gouvernement malien et ainsi priver les djihadistes de sanctuaire dans le nord du pays. Mais certains experts redoutent qu’une signature « arrachée » aux rebelles ne soit contre-productive. Elle pourrait provoquer des scissions et discréditer les chefs des mouvements auprès de leurs combattants. Le scénario catastrophe serait de voir les déçus de cet accord rejoindre les rangs des djihadistes.