L’élection de Muhammadu Buhari à la présidence du Nigéria fait planer une inquiétude sur la paix dans le delta du Niger. En effet, plusieurs cadres de son parti décrient le programme d’amnistie des anciens militants qui ont mené une lutte acharnée dans les années 2000 contre les compagnies pétrolières internationales installées dans le delta du Niger pour réclamer une meilleure répartition des richesses. Ce programme a pourtant permis de ramener le calme dans la région.
Ce programme d’amnistie a été initié en 2009. En échange de leur pardon et d’une rente mensuelle de plusieurs centaines de dollars, les anciens militants ont rendu leurs armes. Certains se sont en plus vus d’attribuer des contrats gouvernementaux pour protéger des tankers ou des oléoducs qu’ils sabotaient auparavant, ce qui en a fait de riches hommes d’affaires. Le président Goodluck Jonathan, originaire de la région du delta du Niger, a reconduit plusieurs fois plusieurs fois ce programme d’amnistie depuis son arrivée au pouvoir, ce qui a renforcé sa popularité auprès des anciens militants.
Aujourd’hui, plusieurs cadres du parti de Muhammadu Buhari décrient le programme d’amnistie. Timipre Sylva, ancien gouverneur de l’Etat de Bayelsa, pressenti pour mener les négociations avec les militants a déclaré que, sous la présidence Jonathan, ce programme n’a pas permis de trouver une solution durable à la question. Il plaide pour davantage de consultations qui doivent conduire à un programme plus en adéquation avec les attentes des militants.
Au plus fort de leur révolte, les militants, principalement les combattants du MEND (Mouvement d’Emancipation du Delta du Niger), disposaient d’un véritable pouvoir de nuisance, multipliant pendant plusieurs années les explosions des oléoducs des géants pétroliers et les kidnappings de leurs personnels. Eux qui auraient voulu être vus comme des défenseurs du peuple ont gagné une image de bandits qui leur a valu d’être pourchassés par l’armée.