Les cas d’arrestations de personnes qui critiquent les mesures des autorités locales pour lutter contre Boko Haram se multiplient au point de faire craindre de sérieuses menaces pour la liberté d’expression dans le pays.
Le dernier exemple en date est celui de Moussa Tchangari, l’un des leaders de la société civile, libéré mercredi dernier après les dix jours de détention que lui ont valu les critiques de l’évacuation par les autorités des réfugiés du lac Tchad, une zone que Boko Haram avait infiltré. Moussa Tchangari est l’auteur d’un rapport publié par son ONG « Alternative Espaces Citoyens Niger » sur le déplacement de quelque 25 000 personnes début mai des îles du lac Tchad. Il y critiquait l’absence de politique d’accueil à l’arrivée et dénonçait la mort de plusieurs réfugiés durant le périple. Bien que libéré, Moussa Tchangari est toutefois inculpé, accusé d’ « atteinte à la défense nationale » et d’avoir tenu « des propos de nature à démoraliser l’armée ». Si son cas a été très médiatisé, il loin d’être le seul. Le coordinateur du ROTAB (Réseau des Organisations pour la Transparence et l’Analyse Budgétaire) Ali Idrissa a déclaré avoir été arrêté trois fois ces derniers mois sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui. Le coordinateur du MPCR (Mouvement pour la Promotion de la Citoyenneté Responsable) Nouhou Mahamadou Arzik a également été libéré mercredi après cinq jours de détention. Sa demande au gouvernement de fournir plus de moyens à l’armée lui a valu une accusation de démoralisation des troupes.
Comme Moussa Tchangari, les acteurs des mouvements citoyens accusent les autorités de vouloir faire taire toute voix dissonante sur la lutte contre Boko Haram telle que la mène Niamey. La loi antiterroriste permet aux autorités de harceler de nombreux défenseurs des droits de l’homme au point de laisser planer des rumeurs de manifestations à Niamey et dans le reste du pays dès le 2 juin prochain.