Tunis a rapporté l’enlèvement hier vendredi de dix de ses ressortissants travaillant au consulat de Tunisie à Tripoli, dont le consul général. Les assaillants sont une frange de Fajr Libya, la coalition de milices notamment islamistes qui contrôle la capitale libyenne, affiliée à Walid Klib. Cet homme est suspecté de terrorisme et arrêté à Tunis depuis le 14 mai.
Selon le témoignage de l’agent tunisien situé au premier étage et qui n’a pas été repéré, les hommes armés sont arrivés au consulat vers 11 heures et ont kidnappés les hommes présents dans leurs box au rez-de-chaussée. Embarqués dans un véhicule, leur sort est jusqu’alors incertain. Le ministère tunisien des Affaires étrangères a tout de suite mis en place une cellule de crise qui s’est réuni jusque très tard hier dans la soirée. L’exercice auquel se livre cette cellule de crise est particulièrement délicat au vu des options qui s’offrent à elle. Elle peut recommander au gouvernement tunisien, soit d’accepter le chantage en expulsant Walid Klib pour raison d’Etat, soit de refuser le chantage au risque de perdre des vies, soit de négocier à un prix qui reste encore à déterminer.
Selon le frère d’un des Tunisiens enlevés, les employés au consulat de Tripoli vivaient depuis plusieurs jours avec des menaces très précises venant explicitement de Fajr Libya. Les autorités tunisiennes ont demandé à leurs 40 000 ressortissants qui travaillent en Libye de limiter leurs déplacements, voire de quitter le pays si possible, et conseillé aux Tunisiens de ne pas se rendre dans ce pays dans les conditions actuelles sauf nécessité absolue. Les craintes d’une escalade sont réelles. Après les nombreux enlèvements de Tunisiens en Libye ces derniers mois, le ressentiment des Tunisiens contre les Libyens travaillant en Tunisie est également en train de monter.