La lutte contre la secte islamiste de Boko Haram qui multiplie ces derniers jours ses attaques, est minée par la corruption au sein même de l’armée nigériane, regrette le président nigérian Muhammadu Buhari qui a reçu en début de semaine un rapport d’une commission spéciale sur ce sujet.
Selon le président Buhari, les révélations du rapport sont extrêmement inquiétantes dans la mesure où ces malversations ont eu lieu à un moment où l’armée combattant l’insurrection dans le nord-est, avait un besoin désespéré d’équipements et de munitions.
« Si les fonds siphonnés par ces entreprises douteuses avaient réellement été utilisés pour le but auquel ils étaient destinés, des milliers de vies innocentes de Nigérians auraient été épargnées », a-t-il déploré.
Dans un communiqué publié mardi soir après réception du rapport, le président Buhari a ordonné que toutes les personnes impliquées dans des contrats frauduleux d’achats d’armes et d’équipement, qui représentent plusieurs milliards de dollars, rendent des comptes.
La commission spéciale révèle dans son rapport, plusieurs transactions financières illicites et frauduleuses, qui mettent notamment en cause le Bureau du conseiller à la Sécurité nationale. Sambo Dasuki, ancien responsable de ce département a déjà été inculpé de détention d’armes et blanchiment d’argent, ajoute le communiqué de la présidence.
Dasuki est accusé d’avoir conclu des contrats fictifs pour un total de 2 milliards de dollars pour l’acquisition de quatre avions de chasse Alpha Jet, douze hélicoptères et des explosifs et munitions. Des allégations que Dasuki a niées en bloc, déclarant plutôt que ces contrats et paiements avaient été approuvés par l’ancien président Goodluck Jonathan.
« Tous les contrats et les paiements (ont eu lieu) avec l’approbation du président et commandant en chef des forces armées, Jonathan », s’est-il défendu mercredi dans un communiqué, insistant que tous les achats d’armes étaient approuvés par l’ancien président avant d’être réglés par l’ancien conseiller à la Sécurité nationale (…) selon les règles régissant les achats d’armes pour les forces armées ». il a en outre affirmé que les conclusions du rapport qui le mettent en cause, étaient « sans fondement ni rigueur ».
Selon les autorités d’Abuja, le rapport note que Sambo Dasuki avait également demandé à la Banque centrale du Nigeria de transférer 132 millions de dollars et près de 10 millions d’euros sur des comptes ouverts en Afrique de l’Ouest, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis à des fins indéterminées, sans document d’explication sur les transactions.
Homme-clé du régime de l’ex-président Jonathan, Sambo Dasuki, un ex-colonel âgé de 60 ans, avait servi comme conseiller à la sécurité nationale de juin 2012 jusqu’à son limogeage en juillet 2015 par le nouveau président.