Les services de renseignement occidentaux mènent une course contre la montre en Somalie pour empêcher les ralliements de plus en plus inquiétants de combattants Chabab à l’organisation terroriste de l’Etat Islamique (EI).
Les Chabab somaliens, qui avaient fait allégeance à Al-Qaida depuis plusieurs années, sont en concurrence avec l’EI qui monte en force parmi les jihadistes en Somalie et dans le Sahel. Une opposition que les pays occidentaux tentent d’exploiter pour éviter que les combattants Chabab basculent du côté de l’EI, qui ne dédaigne pas d’opérer une percée vers l’Afrique de l’Est, à travers le Kenya.
Cette perspective met sous pression les services de renseignement occidentaux, qui ont toujours à l’esprit les attentats sanglants menés par les Chabab contre le centre commercial Westgate de Nairobi en 2013 et l’université de Garissa, en avril 2015. Le pire scénario est de voir l’EI bénéficier des réseaux et de la logistique des Chabab somaliens pour étendre ses opérations terroristes dans la Corne de l’Afrique, voire bien au-delà. L’objectif serait certainement de faire la jonction avec Boko Haram, très actif plus à l’Ouest, sur l’axe Nigeria-Niger-Tchad-Cameroun.
Si les spécialistes occidentaux des mouvements insurrectionnels islamistes connaissent assez bien les Chabab, chassés de la capitale somalienne Mogadiscio en 2011 et plus ou moins confinés dans les zones rurales, ils craignent, par contre, la terrible capacité de frappe de l’organisation terroriste de l’EI si elle venait à s’implanter dans la région.
C’est dans ce sens que des unités spéciales américaines mènent des actions ciblées contre des éléments Chabab soupçonnés d’être des partisans de l’EI. La dernière en date a été la frappe aérienne opérée le 2 décembre en Somalie contre un haut responsable des Chabab, Abdirahman Sandhere, plus connu sous le nom de Ukash.
Bien plus, les observateurs n’excluent pas que les services de renseignement soient derrière les affrontements épisodiques qui éclatent en Somalie dans le but de perturber les plans de l’EI. Les derniers en date ont été les violents combats entre milices rivales dans le centre de la Somalie, qui ont duré plusieurs jours, entre fin novembre et début décembre, et qui ont fait des dizaines de morts et de blessés, en plus de milliers de déplacés.