L’annonce mercredi par la télévision nationale du Niger que le Conseil d’Etat avait donné un avis favorable au « vote par témoignage », un vote sans pièce d’identité mais avec deux témoins attestant de l’identité du votant, a suscité une vague de contestation dans le pays.
A quatre jours de la présidentielle du 21 février prochain, l’opposition et la société civile voient dans cette décision une tentative de fraude du pouvoir.
L’audit du fichier électoral nigérien par l’Organisation internationale de la francophonie en janvier a révélé que le vote par témoignage concernerait environ 1.5 million d’électeurs dans le pays sur près de 7.5 millions d’inscrits.
Saisi par le Premier ministre nigérien, Brigi Rafini le 10 février dernier sur la question, le Conseil d’Etat est d’avis que « le vote par témoignage est possible sur le fondement de l’esprit des lois et des pratiques électorales au Niger ». Ce mode de vote a été validé samedi dernier par un vote de la plénière de la Ceni. En l’absence de l’opposition et de son président, la Commission électorale nationale indépendante, a adopté un arrêté pour autoriser ce type de vote.
Dans la pratique, une personne qui n’a aucune pièce d’identité peut voter si deux témoins peuvent attester de son identité à condition qu’ils soient des électeurs inscrits sur la même liste du bureau de vote et soient eux-mêmes détenteurs de l’une des pièces prévues dans la loi électorale. L’électeur ne pourra voter par témoignage qu’au bureau de vote où il est régulièrement inscrit.
L’opposition et la société civile voient dans ces dispositions de nombreuses lacunes, qui sont autant de sources possibles de fraudes, comme par exemple l’imprécision sur le nombre de personnes pour qui les mêmes électeurs peuvent témoigner. L’opposition soutient également que des milliers de cartes d’électeurs fausses ou non distribuées, qui correspondent aux noms inscrits sur les listes mais ne comportent pas de photo ou d’empreinte digitale, circulent et pourraient être utilisées lors du vote.