Deux jours après l’attaque d’un commando jihadiste contre la ville de Ben Guerdane, l’armée et les forces de sécurité tunisiennes n’en ont pas encore fini avec les islamistes de Daech, dont une dizaine a encore été tuée mercredi, révélant l’ampleur de l’offensive du groupe armé qui entendait s’emparer de cette ville frontalière de la Libye pour y proclamer un califat.
Après le bilan de 36 assaillants tués au premier jour de l’attaque lundi, l’armée tunisienne a annoncé mercredi avoir abattu une dizaine d’autres combattants du commando lié à l’organisation terroriste de l’Etat islamique (EI) en Libye. Les opérations de nettoyage se poursuivaient encore dans la région de Ben Guerdane à la recherche d’éventuels éléments du commando.
En tout, les autorités font état de la mort jusqu’à présent d’une soixantaine de personnes, parmi lesquels 12 membres des forces de sécurité et de l’armée ainsi que 7 civils.
Il s’agit d’une attaque sans précédent en Tunisie de par son ampleur et des objectifs visés par les jihadistes. Le commando de l’EI avait planifié de prendre le contrôle des casernes de l’armée et de la police à Ben Guerdane et de proclamer un califat islamique en Tunisie.
Les autorités pensent que le commando comptait une cinquantaine, voire 60 membres, et continuent le ratissage de la région. Le premier ministre Habid Essid estime que c’est l’absence de structures étatiques en Libye voisine et le chaos sécuritaire prévalant dans le pays qui ont favorisé cette attaque de grande ampleur.
Située à la frontière avec la Libye, la ville de Ben Guerdane est placée sous couvre-feu nocturne depuis lundi. Les forces de sécurité et des unités de l’armée quadrillent la ville.
Mais les autorités et la population tunisiennes ne sont pas rassurées pour autant. Après les attaques terroristes de mars et juillet 2015 contre des sites touristiques qui avaient fait plus de 60 morts parmi les touristes étrangers, le gouvernement avait érigé un mur de sable et d’obstacles sur plus de 200 kilomètres de frontière avec la Libye.
Toutefois, l’attaque de Ben Guerdane montre la limite de ces obstacles artificiels face à un ennemi déterminé, dont cette opération risque de ne pas être la dernière tant que la Libye n’est pas stabilisée, estiment les observateurs.