Après une arrivée timide mercredi à Tripoli, chahutée par l’autorité non reconnue de la capitale, le gouvernement d’union nationale de Fayez al-Sarraj, aidé par la communauté internationale, commence progressivement à s’imposer en ralliant plusieurs villes de l’Ouest libyen, voire des zones pétrolières de l’Est rebelle.
Les tirs d’hostilité des milices islamistes de Fajr Libya, alliées au gouvernement non reconnu, ont rapidement laissé place aux manifestations de soutien de la population au cabinet de Fayez al-Sarraj. Lassée par plus de quatre années de chaos politique et d’insécurité généralisée dans le pays, la population fonde désormais son espoir dans le gouvernement issu de l’accord de Skhirat, signé sous l’égide de l’ONU en décembre 2015 au Maroc.
Ainsi, deux jours après l’arrivée du gouvernement d’union nationale, les responsables de dix villes de l’Ouest ont annoncé leur ralliement à Fayez al-Sarraj. Parmi ces villes Sabratha et Zouara, alors que des milices de la capitale avaient fait allégeance au nouvel exécutif jeudi.
Pour sa part, l’Union européenne a imposé, jeudi, des sanctions contre les principaux responsables de l’autorité rivale qui s’opposaient à l’arrivée du gouvernement d’union. Khalifa Ghouil, le chef du gouvernement islamiste de Tripoli, en a aussitôt tiré les conséquences.
Se sachant désormais isolé, il a atténué son langage après s’être opposé à l’arrivée du gouvernement al-Sarraj dans la capitale. Dans un communiqué publié jeudi soir, le responsable islamiste affirme continuer à s’opposer au gouvernement d’union nationale, mais de «manière pacifique et légale, sans utiliser la force ou inciter à la tuerie et à la lutte entre les enfants d’un même pays ».
Le gouvernement al-Sarraj a aussi reçu le précieux soutien des chefs des unités armées qui gardent les principales installations pétrolières en Libye. Et malgré les réticences de plusieurs groupes armés dans l’Est du pays, le gouvernement d’union est en train de gagner les esprits.
Une évolution qui aurait été inenvisageable sans la pression de la communauté internationale et de certains pays voisins de la Libye. Ils étaient convaincus que le chaos libyen qui a favorisé la montée en puissance de l’organisation terroriste Etat Islamique, et alimenté les réseaux de passeurs des migrants clandestins, devenait trop dangereux pour tous.