La NOC, la Compagnie nationale libyenne du pétrole, est en train de devenir l’instrument de rapprochement entre les autorités rivales qui se disputent le pouvoir en Libye, la reprise des exportations de brut libyen pour la première fois depuis fin 2014 avec le consentement de pratiquement tous les protagonistes en étant le signe révélateur.
Le tanker Seadelta a quitté le terminal pétrolier de Ras Lanouf, dans le Croissant pétrolier ( Nord-Est) mardi à destination de l’Italie. Il devait être suivi quelques heures plus tard par un autre tanker en partance pour l’Espagne. Une reprise presque unanimement tolérée, voire encouragée par les principaux protagonistes de cette crise politique et sécuritaire qui prolonge le chaos dans le pays depuis cinq ans.
La NOC qui est passée sous le contrôle des forces du maréchal Haftar (basé à l’Est et soutenu par le parlement de Tobrouk), a réaffirmé sa loyauté au gouvernement d’union (GNA) basé à Tripoli. Les responsables de la Compagnie ont toutefois précisé qu’ils continueraient à gérer les exportations de pétrole selon les instructions du parlement de Tobrouk.
A Tripoli, le GNA s’est félicité de la reprise des exportations de pétrole par la NOC, dont Ahmed Meitig, le vice-Premier ministre du gouvernement d’union a loué le « professionnalisme ».
De leur côté, les pays occidentaux après cinq ans de vains efforts diplomatiques et de quelques discrètes opérations militaires, semblent miser sur l’atout pétrolier pour réunir les factions rivales. Après avoir été un facteur de divisions et de guerre, le pétrole sera aussi un instrument de réconciliation en Libye.
Surtout que Khalifa Haftar, promu tout récemment maréchal par les autorités de Tobrouk (Est), est désormais considéré par les pays occidentaux non plus comme un problème mais comme une partie de la solution.
Vue de Washington, la reprise des exportations de brut libyen permettrait de faire d’une pierre deux coups: pousser à la réconciliation inter-libyenne en injectant suffisamment de pétrodollars pour calmer les deux camps rivaux, d’une part. Et de l’autre, faire que le nouveau flux de pétrole libyen vienne gonfler l’excédent sur le marché mondial, de telle sorte à maintenir des prix bas au détriment des pays exportateurs, notamment la Russie.