Les gambiens votent jeudi pour élire leur président, un scrutin qui s’est déroulé sans incident particulier mais qui a fortement attiré l’attention des médias étrangers, et pour cause, le système de vote gambien est unique au monde.
Si dans la plupart des pays, les votes se font anonymement par le remplissage de bulletins, en Gambie la situation est tout autre. Les électeurs disposent de billes qu’ils placent à leur guise dans des tonneaux de différentes couleurs.
Chaque candidat est associé à une couleur spécifique. Le comptage des billes permets aux organisateurs de connaître le nombre de billes attribuées à chaque candidat et par conséquent celui qui a remporté le scrutin.
Ce système de vote, malgré son procédé archaïque présente de nombreux avantages pour les électeurs gambiens. En effet, une partie de la population gambienne en âge de voter est analphabète.
Afin donc de ne pas priver du scrutin cette tranche de la population qui avoisine les 50%, les autorités ont privilégié un processus où chaque couleur indique un candidat unique. Ainsi, il n’y a pas besoin d’écrits ou de bulletins pour pouvoir participer au vote.
Trois candidats sont en lice pour ce vote. Il s’agit de l’actuel chef de l’Etat Yahya Jammeh, mais aussi d’Adama Barrow, un candidat représentant une large coalition de l’opposition et enfin Mama Kandeh, ancien député du parti au pouvoir qui représente une nouvelle formation politique.
Si pour l’heure aucun résultat partiel n’a été communiqué, de nombreux observateurs ne cachent pas leurs appréhensions quant à la victoire de l’actuel dirigeant Yahya Jammeh, au pouvoir depuis 22 ans. Ce dernier est en effet en poste depuis 1994.
Il brigue son cinquième mandat consécutif et n’est pas du tout résolu à lâcher les rênes du pouvoir. Il compte notamment sur les 890 000 électeurs officiels, mais aussi et surtout sur l’armée de fonctionnaires à sa solde que les observateurs soupçonnent de ne pas hésiter à modifier les chiffres pour le voir gagner.