Alors même que les pressions de la communauté internationale se font de plus en plus fortes en Gambie, le président sortant Yahya Jammeh a réitéré son intention de ne pas céder le pouvoir, bien qu’il ait reconnu, début décembre, sa défaite à l’élection présidentielle et accepté une transition politique avec son successeur Adama Barrow.
Lors de l’annonce des résultats officiels le 2 décembre dernier, Yahya Jammeh avait reconnu publiquement sa défaite. Plusieurs hauts fonctionnaires et gradés de l’armée avaient dès lors décidé d’apporter leur soutien au futur président Adama Barrow. La communauté internationale avait vu en cette réaction les prémices d’un changement pour la Gambie.
Yahya Jammeh, qui tient les rênes du pouvoir en Gambie depuis maintenant plus de 22 ans, n’avait émis aucune opposition à la prise de fonction de son adversaire politique, bien au contraire. Il avait publiquement déclaré être ouvert au changement tout en reconnaissant la victoire de M. Barrow. Ce n’est que le 9 décembre que M. Jammeh a fait volte-face, refusant de céder le pouvoir. Un revirement inexpliqué qui a créé un climat de tensions dans le pays.
Le 13 décembre dernier, lors de la visite d’une délégation de chefs d’Etat Ouest-africains, le plus haut dignitaire de l’armée gambienne, le général Ousman Badjie est arrivé aux discussions en portant sur son uniforme un badge de Yahya Jammeh, affirmant de ce fait qu’il soutenait l’actuel président.
Si pour l’heure aucune raison fondée ne peut être avancée pour expliquer ce changement d’avis du président Yahya Jammeh, de nombreux observateurs estiment que son entourage aurait probablement beaucoup joué dans sa décision de s’opposer à la passation de pouvoir en janvier prochain.
D’après les observateurs, cette décision serait probablement motivée par le souci de ne pas permettre l’arrivée au pouvoir d’une autre figure qui pourrait dévoiler les détournements effectués par les proches de M. Jammeh durant ces 22 dernières années. Mais l’opposition ne l’entend pas de cette oreille et a annoncé qu’elle allait déclarer « renégat » le président sortant s’il refusait de céder le pouvoir.