Le procès en appel de l’ancien président tchadien Hissène Habré débute ce lundi à Dakar, sept mois après la condamnation de l’ex-dictateur à perpétuité par un tribunal spécial africain dans la capitale sénégalaise.
Ce procès inédit est le premier jugement à être mené jusqu’au bout par des africains et ce, sans l’intermédiation de parties tierces. En somme, les responsables africains veulent en faire un cas d’école qui servira d’exemple pour l’ensemble du Continent.
Le procès de Hissène Habré restera en effet dans les annales des juridictions africaines à plus d’un titre. C’est tout d’abord la première affaire à être jugée en Afrique sans l’intervention de la communauté internationale.
En second lieu, c’est un procès qui a vu la participation croisée du Tchad, du Sénégal et de l’Union Africaine, une collaboration judiciaire africaine qui était jusqu’à peu encore inimaginable. Enfin, c’est un jugement qui est mené d’une manière transparente et rapide.
Initialement condamné le 30 mai dernier par les Chambres Africaines Extraordinaires (CAE), Hissène Habré a voulu revoir à la baisse sa peine à perpétuité en faisant appel. Cette réaction ne lui permettra pourtant pas de recouvrer la liberté. Néanmoins elle aura l’avantage de démontrer qu’en Afrique aussi, la Justice peut être efficace.
L’ancien dictateur tchadien, avait été condamné pour crimes de guerre, crimes contre l’Humanité, tortures et viols. Le jugement en appel sera un point crucial qui permettra à l’Afrique de prendre conscience de ses capacités en termes judiciaires et de pouvoir sortir du joug de la communauté internationale.
La Cour Pénale Internationale (CPI) de la Haye, qui était jusqu’à présent l’unique juridiction internationale capable de trancher dans ce genre d’affaires, risque de voir son rôle graduellement baisser au profit de ce genre de chambres africaines de justice.