Le président camerounais Paul Biya a signé en début de semaine un décret visant à créer une commission nationale pour la promotion du bilinguisme, un geste qui vise notamment à apaiser les tensions dans les régions anglophones du pays pour donner à l’anglais autant d’importance que le français dans le pays.
Internet coupé, arrestations des leaders de la contestation, pression étatique sur les médias locaux, depuis quelques jours la fronde dans les zones anglophones du Cameroun inquiète. Pour ne pas aggraver davantage la situation, la présidence a voulu frapper fort en annonçant la création de cette commission. Désormais l’anglais aura autant d’importance que le français au Cameroun et l’usage des deux langues sera obligatoire dans les services publics.
Cette décision permettra, selon des sources proches du gouvernement, de calmer les protestations qui perdurent depuis novembre dernier. La présidence camerounaise estime en effet que cette main tendue aux anglophones apaisera les grèves à répétition qui minent l’économie de plusieurs régions du pays. Le nord-Ouest du Cameroun, mais aussi le Sud-Ouest sont en effet touchés par des mouvements de grève, notamment auprès des corps des enseignants et des avocats.
Les protestataires ont dénoncé, à plusieurs reprises, leur marginalisation dans la gestion des affaires publiques du fait de leur langue. A cet effet, ils ont organisé des manifestations géantes un peu partout dans les régions concernées le 8 décembre dernier. Des protestations au cours desquelles plusieurs personnes ont été tuées et de nombreux bâtiments administratifs incendiés.
Les chefs de file de ce mouvement de protestation camerounais demandent notamment un retour au fédéralisme. Une solution qui, pour Yaoundé, est hors de question. Afin donc de contenir les protestations des anglophones, Paul Biya a donc jugé nécessaire de faire un pas en avant pour promouvoir la langue de Shakespeare en attendant de trouver une solution définitive à un problème structurel.