Alors que le texte de modification de la constitution vient d’être adopté à la quasi-unanimité la semaine passée par les députés de l’Assemblée nationale, et que le Sénat s’apprête à en faire autant dans les prochains jours, la tension est à son comble en Mauritanie où l’opposition politique dénonce un coup de force du régime de Mohamed Oueld Abdelaziz.
Le projet de loi de révision constitutionnelle est en effet critiqué de toute part. Il prévoit plusieurs mesures impopulaires, dont la suppression du Sénat et le changement du drapeau national. Le texte adopté jeudi par les députés modifie la Constitution en vigueur depuis 1991. Il a été approuvé par 121 des quelque 147 députés présents. Un chiffre qui, pour le clan du président Mohamed Oueld Abdelaziz, illustre la volonté de modifier la Constitution dans le sens voulu par le chef de l’Etat.
Mais pour les partis d’opposition, regroupés au sein du Forum National pour l’Unité et la Démocratie (FNUD), ce texte est fondamentalement « anticonstitutionnel ». D’après plusieurs figures de proue du Fnud, le projet de modification de la constitutionnel prévoit de supprimer plusieurs institutions « nécessaires » au bon fonctionnement de la démocratie. Il s’agit notamment du Sénat, de la Haute Cour de Justice mais aussi du Haut Conseil Islamique.
Si pour l’heure, le motif invoqué pour modifier la constitution n’est pas encore clair, les supputations vont bon train du côté de l’opposition. En effet plusieurs politiques estiment que ce texte se traduira inévitablement par davantage de marginalisation de la Mauritanie sur la scène internationale. Il permettra de surcroît de renforcer l’emprise du président Mohamed Oueld Abdelaziz sur le pouvoir.
Ancien général putschiste, Mohamed Oueld Abdelaziz a accédé au pouvoir à la faveur du coup d’État de 2008, puis a été élu en 2009 et 2014 avec plus de 82% des voix. Avec la prochaine modification constitutionnelle, les observateurs estiment que son emprise sur le pouvoir sera considérable.