Soudan : Les Forces de soutien rapide forment une alliance pour établir un gouvernement parallèle

Les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont signé une charte avec d’anciens ennemis pour créer un gouvernement parallèle au Soudan, une démarche qui pourrait leur permettre de gagner des territoires clés, de renforcer leurs rangs et d’accéder à des frontières stratégiques, selon des analystes. 

Cet accord politique, signé à Nairobi, au Kenya, fait suite à cinq jours de négociations. Il a pour objectif de mettre en place un gouvernement parallèle dans les zones contrôlées par les rebelles au Soudan. 

L’accord a été signé samedi soir par Abdel-Rahim Dagalo, représentant des RSF, Joseph Toka du Mouvement de libération du peuple du Soudan-Nord (dirigé par Abdel Aziz al-Hilu), et Al-Hadi Idris du Mouvement de libération du Soudan. 

Parmi les signataires figuraient également des figures importantes telles que Fadlallah Burma Nasser, leader du Parti national Umma, et Ibrahim al-Mirghani, du Parti Unioniste Démocratique. 

Ce nouvel accord survient alors que le Soudan est plongé depuis avril 2023 dans une guerre entre les FSR et l’armée régulière, un conflit qui a fait des dizaines de milliers de morts et déplacé plus de 12 millions de personnes. 

Les analystes estiment que l’alliance entre les FSR et les rebelles dirigés par al-Hilu pourrait renforcer considérablement les capacités militaires des paramilitaires. Si ces derniers parvenaient à unifier leurs forces avec celles de al-Hilu, ils gagneraient en influence et consolidant leur emprise sur des régions stratégiques. La fusion de ces groupes pourrait également leur permettre d’accéder à des frontières essentielles avec la Libye, le Tchad, la République centrafricaine, le Soudan du Sud et l’Éthiopie. 

Les FSR contrôlent désormais une grande partie du Darfour, bien qu’ils peinent à stabiliser leur emprise. Le journaliste soudanais Mostafa Serry évalue à 65% la portion du pays contrôlée par les forces alliées. Cette nouvelle dynamique rebelle pourrait changer l’équilibre du pouvoir au Soudan, surtout si les groupes parviennent à unir leurs forces militaires et leurs territoires. 

Dans ce contexte de guerre civile, l’ONG Médecins Sans Frontières a suspendu ses activités dans le camp de déplacés de Zamzam, dans le Nord-Darfour, en raison des combats et des violences croissantes. « Malgré les besoins humanitaires criants, nous n’avons d’autre choix que de suspendre toutes nos activités dans le camp », a précisé MSF dans un communiqué.