Les frappes aériennes américaines menées jeudi au Nigeria visaient des combattants du groupe Etat islamique (EI) venus du Sahel afin de soutenir le groupe jihadiste local Lakurawa et des gangs criminels dits de « bandits », a indiqué un porte-parole du président nigérian Bola Tinubu.
« L’EI a trouvé le moyen de transiter par le Sahel pour venir aider les Lakurawa et les bandits, en leur fournissant des équipements et des formations », a déclaré Daniel Bwala, porte-parole de la présidence. Jusqu’alors, Washington et Abuja s’étaient limités à évoquer des cibles liées à l’EI, sans préciser les groupes concernés.
Les factions affiliées à l’Etat islamique sont actives dans plusieurs pays sahéliens voisins du Nigeria, notamment au Niger, au Burkina Faso et au Mali, où elles mènent une insurrection meurtrière contre les autorités. Si le Nigeria est confronté depuis plus d’une décennie à sa propre insurrection jihadiste, l’éventuelle implantation de combattants venus du Sahel suscite de vives inquiétudes parmi les analystes.
Selon Daniel Bwala, la frappe a visé une zone historiquement connue pour abriter à la fois les bandits armés et les Lakurawa. « Les renseignements américains font également état d’un mouvement massif de membres de l’EI en provenance du Sahel vers cette région », a-t-il ajouté.
Des chercheurs ont récemment établi des liens entre certains membres des Lakurawa, principal groupe jihadiste de l’Etat de Sokoto, et la branche sahélienne de l’Etat islamique. Toutefois, dans cette région du nord-ouest du Nigeria, la principale menace sécuritaire reste celle des gangs criminels locaux motivés par le gain financier.
Selon les analystes, ces gangs coopèrent parfois avec des groupes jihadistes, notamment pour des raisons logistiques ou tactiques.
Vendredi, le ministre nigérian de l’Information, Mohammed Idris, a précisé que les frappes avaient touché « deux enclaves terroristes majeures de l’EI » dans le district de Tangaza, dans l’Etat de Sokoto.
Ces opérations interviennent dans un contexte diplomatique tendu entre Abuja et Washington, après des accusations formulées à l’automne par le président américain Donald Trump sur la persécution des chrétiens au Nigeria.
