Cerné par la crise malienne, le regain de violence dans le nord du Nigéria ainsi qu’au Soudan, à une situation qui vire à la guérilla dans le sud de la Libye et devant faire face lui-même à un situation de crise alimentaire, le Niger fait montre d’une résistance remarquable en préservant sa stabilité. Mais cette résistance pourrait très vite atteindre ses limites. Lui-même peuplé dans sa partie septentrionale de Touaregs, le Niger a eu à constater par le passé une résurgence des mouvements de rébellions dans le Nord-Mali sur son sol, ce qui n’est pas le cas cette fois-ci. Plusieurs éléments peuvent néanmoins apporter une lumière sur cette exception.
Tout d’abord, les programmes de développement dans le pays ont beaucoup profité aux régions du Nord du Niger, sur le plan de la santé par exemple où le nombre moyen de médecins et d’infirmiers était en 2009 dans certaines supérieur à la moyenne nationale ou encore dans le domaine de l’élevage où un programme « sécurité et développement» de près de 2 millions de dollars US destiné aux zones pastorales a récemment été défendu par la présidence. De plus, les Touaregs du Niger, dont les revendications envers le gouvernement central sont plus d’ordre économique et social que séparatiste, ont rejeté la déclaration d’indépendance de l’Azawad. Ils sont beaucoup plus impliqués dans la vie politique du Niger que ne le sont les Touaregs du Mali dans leur pays. Plusieurs chefs touaregs, tout comme d’anciens chefs rebelles, sont intégrés dans les structures de l’Etat. Le Premier ministre, le numéro deux de l’armée et le conseiller du chef de l’Etat sont touaregs. Le président du Conseil d’administration de la plus grande société minière du pays, Imouraren, et le président du Conseil régional d’Agadez sont d’anciens chefs rebelles. Mais les tensions, qui n’ont totalement disparues, les difficultés économiques, les milliers d’anciens rebelles qui n’ont toujours pas déposé les armes, ainsi que les milliers de déplacés en raison des crises libyenne, ivoirienne et malienne pourraient mettre en péril ce fragile équilibre. Reste à noter la volonté farouche du pays de sortir de l’ornière, grâce notamment à une armée qui manque de moyens mais qui s’inscrit résolument dans une démarche de préservation de l’unité nationale et de lutte contre les poches « crisogènes » qui surgissent. Enfin, il faut noter que la présence d’uranium en abondance dans le pays et la nécessité de sécuriser son exploitation sont également des facteurs qui poussent peut être les puissances occidentales à intensifier le volet coopération avec le Niger, afin de permettre au pays de disposer des moyens d’interception et d’écoute qui permettent de prévenir les crises.