La démission surprise jeudi du Premier ministre éthiopien Haïle Mariam Desalegn, après trois ans de tensions politiques et de violences qui ont fait des centaines de morts, ne semble pas près de calmer une partie de la population en Ethiopie, ni l’opposition qui exige des changement profonds.
« M. Haile Mariam a dit avoir fait tout son possible pour résoudre les problèmes de l’Ethiopie », mais a aussi « assuré que sa démission était une solution à ces problèmes », a indiqué la radio d’Etat Fana en guise de justification d’une démission jugée insuffisante par l’opposition.
L’Ethiopie est secouée depuis trois années par des manifestations anti-gouvernementales qui ont fait près d’un millier de morts. Des milliers d’autres ont été arrêtés et emprisonnés à la suite de procès expéditifs.
Pour calmer les tensions grandissantes entre l’ethnie majoritaire Oromo et le gouvernement, Haile Mariam Desalegn avait fait libérer plusieurs centaines de prisonniers politiques durant ces dernières semaines. Mais cette initiative n’a pas suffi à baisser les tensions, qui ont fortement impacté l’économie du deuxième pays le plus peuplé d’Afrique après l’Egypte.
La crise s’est exacerbée jusqu’à faire vaciller le Front Démocratique Révolutionnaire des Peuples Ethiopiens (EPRDF), la coalition au pouvoir. La démission de Haile Mariam Desalegn qui avait succédé en 2012 à l’ancien homme fort Meles Zenawi, intervient donc non seulement pour répondre aux revendications de l’opposition et des populations Oromo, mais aussi pour garder soudée la coalition EPRDF.
Le Premier ministre démissionnaire (53 ans) devrait toutefois rester en place jusqu’au « transfert de pouvoir » officiel avec son successeur, indique-t-on à Addis-Abeba.