L’Afrique a besoin d’instruments d’analyse et de mesure du développement adaptés aux réalités africaines afin de s’affranchir des rapports biaisés du FMI, de la Banque mondiale et de la multitude de centres occidentaux produits chaque année sur le Continent noir, estiment une quarantaine de chercheurs qui ont présenté dernièrement à Dakar un Rapport alternatif sur l’Afrique (RASA).
Présenté le 25 juillet dans la capitale sénégalaise par le réseau international Enda Tiers-Monde, le RASA conteste les rapports produits par les « institutions extérieures qui utilisent des catégories statistiques et statiques inadaptées et qui ne rendent pas compte des dynamiques de développement des pays africains », s’insurge Moussa Mbaye, secrétaire exécutif d’Enda Tiers-Monde.
La Banque mondiale, le FMI, l’OCDE et l’OMC « ont du mal à déchiffrer les mutations et les transformations qui s’opèrent en Afrique ou à définir les véritables priorités du continent », explique Moussa Mbaye.
Le même point de vue est défendu par Cheikh Gueye, secrétaire permanent du RASA, pour qui ce groupe d’analystes africains est à la recherche de « nouveaux indices de mesure qui soient plus adaptés au continent et qui correspondent à des objectifs qui ont de la valeur pour les gens afin de sortir de l’économisme pur ».
Pendant très longtemps, « nous avons calculé en Afrique le chômage selon les consignes du Bureau international du travail, considérant qu’une personne non salariée ne travaille pas, alors que dans des pays comme le Sénégal, le secteur informel concerne près de 90 % des emplois. Aujourd’hui, nous avons redéfini le concept, préférant parler d’occupation plutôt que d’emploi», précise-t-il.
Bien que le RASA soit financé par des fondations occidentales, Rockefeller (américaine) et Rosa-Luxemburg (allemande), ce groupes de chercheurs africains reste confiant sur des financements publics pour les numéros suivants du RASA, prévus une fois tous les deux ans.