Esclavage en Mauritanie : Un sujet tabou

L’esclavage officiellement aboli en 1981 en Mauritanie et considéré comme un délit seulement depuis 2007, constitue un sujet de tensions récurrent entre les autorités et les organisations de défense des droits humains, qui déplorent des survivances du phénomène.

Toutes les ONG, les organismes des droits de l’homme  ou toutes personnes s’intéressant à ce sujet, sont interdits ou refoulés du sol mauritanien, voir emprisonnés.

Même L’Union européenne et les États-Unis sacrifient leurs valeurs et mettent leurs intérêts économiques et sécuritaires avant l’abolition de l’esclavage en Mauritanie, déplore le leader abolitionniste et candidat à la présidentielle, Biram Dah Abeid.

« L’UE est le premier partenaire économique de la Mauritanie, et sur la question de l’esclavage, a sacrifié ses valeurs relatives aux droits de l’homme au profit de la diplomatie économique et commerciale », a-t-il déclaré lors de sa visite en Espagne.

Les Etats-Unis « ont une alliance militaire et sécuritaire avec la Mauritanie et ont donné la priorité à la lutte contre le terrorisme », a ajouté Biram, emprisonné à plusieurs reprises pour son militantisme anti-esclavagiste et connu dans le monde entier comme le « Nelson Mandela mauritanien ».

L’esclavage « est une pratique encore très présente dans le monde arabo-musulman, en particulier contre les Noirs d’origine sub-saharienne », qui « sont considérés comme des esclaves de fait, des esclaves par nature, des » pseudo-hommes ».

Biram sait de quoi il parle: il fait partie des harratines, descendants d’esclaves noirs arabisés et, après la libération de son père, il est devenu le premier membre de sa famille à se rendre à l’école.

« En Libye, ils sont vendus sur les marchés, en Mauritanie, certains groupes sont, dès leur naissance, la propriété d’autres groupes », a-t-il déclaré.

Un « esclavage qui, dans toutes ses dimensions, inclut réification, maltraitance, mutilation, travail sans repos et sans salaire et violations systématiques ».

La communauté internationale n’a fait que réagir à cette barbarie « de manière symbolique », au lieu de faire face à la situation comme elle l’a été avec l’Afrique du Sud: sanctions économiques et boycott diplomatique.

Ce qui se passe en Mauritanie ressemble à ce qui s’est passé dans » l’apartheid « : une minorité qui utilise la couleur de la peau pour dominer les autres, un racisme d’Etat non écrit, mais institutionnalisé de facto.