Les forces de sécurité, composées par des éléments du Service national de renseignement et de sécurité (NISS) et la police antiémeutes, ont effectué ce mardi des tirs de gaz lacrymogènes pour disperser les milliers de manifestants qui sont rassemblés près du QG de l’armée, ont rapporté des sources locales.
Depuis samedi, des milliers de Soudanais, bravant l’interdiction de manifester, sont rassemblés devant le quartier général de l’armée à Khartoum scandant liberté…liberté.
Les manifestants demandent à l’armée de soutenir leur mouvement de contestation et à discuter avec eux d’un « gouvernement de transition » pour remplacer le président Omar el-Béchir.
Devant les manifestants, l’opposant Omar el-Digeir, chef du Parti du Congrès soudanais, a appelé l’armée à « engager un dialogue direct » avec l’Alliance pour le changement et la liberté, une union de partis d’opposition et de professionnels soudanais, « afin de faciliter un processus pacifique débouchant sur la formation d’un gouvernement de transition ». « Quand l’armée est là, nous n’avons pas peur », ont scandé les manifestants, faisant le V de la victoire, tandis que les forces de sécurité tentaient en vain de les disperser avec des gaz lacrymogènes.
Au moins 38 manifestants ont été tués depuis le début de la contestation, dont sept samedi, selon les autorités. Selon des ONG et observateurs, le nombre de personnes tuée dépasserait les soixantaines.
Déclenchées en décembre par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, les manifestations se sont rapidement transformées en contestation contre M. Béchir, à la tête du pays depuis un coup d’Etat en 1989.
Le Soudan, amputé des trois quarts de ses réserves de pétrole depuis l’indépendance du Soudan du Sud en 2011, est confronté à une inflation de près de 70% par an et fait face à un grave déficit en devises étrangères.