Six manifestants chiites du Mouvement islamique du Nigeria (IMN) et un policier ont été tués dans des heurts à Abuja lundi, dans des violences avec les forces de l’ordre pour demander la libération de leur chef, Ibrahim Zakzaky.
« Nous marchions sans violence, et lorsque nous sommes arrivés au niveau du ministère des Affaires étrangères, la police a commencé à tirer en l’air et sur la foule », selon Abdullahi Muhammed Bello, un membre de l’organisation chiite.
« Un haut gradé de la police a été tué dans les heurts avec les chiites à Abuja », selon l’agence de presse nationale, qui a ajouté que le le policier « Umar a été tué par les manifestants en tentant d’empêcher les actions violentes et la destruction de biens ».
La chaîne de télévision nigériane Channels a par ailleurs affirmé que l’un de ses reporters avait reçu une balle, sans donner de détails sur son état de santé.
Les membres de l’IMN, une organisation chiite radicale dans le nord du Nigeria majoritairement sunnite, demandent notamment la libération de leur chef, Ibrahim Zakzaky, incarcéré depuis décembre 2015 avec son épouse pour « homicide et rassemblement illégal ».
Le 11 juillet, au moins deux personnes ont été tuées, quelques jours après une sortie du fils du leader de l’IMN, accusant le gouvernement d’organiser « l’assassinat » du Sheik Zakzaky, incarcéré malgré des conditions de santé très dégradées.
Fin 2016, un tribunal fédéral avait jugé sa détention illégale et ordonné sa libération. Mais cette décision n’a jamais été exécutée.
En janvier, un tribunal avait ordonné qu’il puisse rencontrer ses médecins personnels, en raison de la dégradation de son état de santé, mais ses proches ont récemment fait savoir qu’il souffrait d’un empoisonnement au plomb.
Fin octobre, des partisans de l’IMN avaient manifesté en masse à Abuja et la répression violente de la manifestation par les forces de sécurité avait fait 47 morts selon l’IMN et les observateurs, six selon les chiffres officiels.
En décembre 2015, l’armée a tiré sur des manifestants à Zaria, leur fief dans le nord du Nigeria, faisant plus de 350 morts.
L’IMN, apparu comme un mouvement étudiant en 1978 avant de muer en groupe révolutionnaire inspiré par la révolution islamique en Iran, est aujourd’hui encore proche de Téhéran et suscite une grande hostilité au Nigeria où l’élite musulmane sunnite ne cache pas ses affinités avec l’Arabie saoudite.