Six membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont empêché ce mercredi 28 août, l’adoption d’une proposition portée par le Kenya, visant à inscrire le groupe islamiste somalien Al-Shebab sur une liste d’organismes soumis à des sanctions internationales incluant Al-Qaïda ou le groupe Etat islamique (EI).
Dans sa démarche de s’opposer au nouveau régime de sanctions défendu par le Kenya, le Conseil de sécurité a préféré prêter attention aux recommandations des ONG et des anciens diplomates de la région qui estiment que la proposition de Nairobi pourrait «mettre des centaines de milliers de vies en danger» dans la mesure où elle annulerait l’exemption humanitaire dont bénéficie la Somalie.
Ce pays d’Afrique de l’Est, qui compte 12 millions d’habitants, est confronté à une crise humanitaire croissante en raison de la situation politique et de la sècheresse.
Selon les chiffres communiqués récemment par l’ONU et certaines ONG, deux millions de personnes, dont une forte proportion d’enfants, seraient au bord de la famine, tandis que trois millions d’autres n’auraient qu’un accès très aléatoire à la nourriture.
Plusieurs zones du territoire, surtout dans les campagnes au sud du pays, sont contrôlées par les militants Shebab qui avaient été chassés de la capitale, Mogadiscio, il y a huit ans. Leur présence ne facilite pas le travail des associations humanitaires auxquelles ils imposent régulièrement des taxes.
Toutefois, en dépit des conditions de travail rendues difficiles par les islamistes, les ONG militent pour la continuation de l’aide humanitaire.
Elles contestent farouchement le fait d’aligner les rebelles Shebab sur le même régime de sanctions que l’EI, pour ne pas priver d’aide des millions de Somaliens vivant dans des zones sous contrôle des islamistes.
Le Kenya souhaitait durcir les sanctions contre les Shebab, depuis novembre 2018, notamment après l’attaque d’un complexe hôtelier à Nairobi en janvier 2019, qui avait fait 21 morts.
La Somalie a salué la décision du Conseil de sécurité, estimant que la résolution de l’ONU de 1992, qui limite tout financement matériel à des groupes terroristes, particulièrement les Shebab, est suffisante.