Le grand dialogue national lancé par le président camerounais, Paul Biya, s’ouvre, lundi, à Yaoundé avec pour objectif la résolution du conflit meurtrier qui déchire l’Ouest anglophone.
Ce dialogue, présidé à Yaoundé du 30 septembre au 4 octobre par le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, a pour ambition de mettre un terme à la crise qui sévit dans les deux régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où vit la plus grande partie de la minorité anglophone du Cameroun (16%).
Depuis trois ans, des revendications sociales des populations anglophones, qui s’estiment lésées par rapport aux huit autres régions francophones, se sont muées en un conflit meurtrier entre des groupes indépendantistes armés radicalisés et les forces de sécurité de l’Etat, resté sourd aux revendications.
Les affrontements, mais aussi les exactions et crimes commis par les deux camps contre les civils, ont fait quelque 3000 morts depuis le début de la crise, en 2017, a indiqué l’International Crisis Group (ICG) dans un rapport publié jeudi.
Certains anglophones exigent le retour au fédéralisme alors que d’autres réclament la partition du pays. Deux hypothèses que refuse Yaoundé.
Après avoir fait preuve d’intransigeance depuis sa réélection en octobre 2018, le président Biya, 86 ans dont près de 36 au pouvoir, a convoqué mi-septembre un « grand dialogue national » à Yaoundé. « Les séparatistes anglophones, qui dominent de vastes zones dans ces régions, n’y participeront pas » tout comme les principaux leaders installés à l’étranger, a précisé l’ICG.
Selon l’ONG, le dialogue, tel qu’envisagé, « risque d’exacerber la frustration des anglophones, de creuser encore plus le fossé qui sépare les deux camps et de renforcer les tenants d’une ligne dure ».
Le Cameroun, ancienne colonie allemande, a été partagée après la Première Guerre mondiale entre la France et le Royaume-Uni.
Après la défaite de l’Allemagne en 1918, la Société des nations (SDN, ancêtre de l’ONU), place les quatre cinquièmes du Kamerun allemand sous tutelle française, et la partie occidentale bordant le Nigeria sous tutelle britannique.
La partie française devient indépendante en 1960. Un an plus tard, une partie du Cameroun sous tutelle britannique (le Nord majoritairement musulman) opte pour son rattachement au Nigeria et l’autre partie pour son rattachement au Cameroun francophone, pour former une République fédérale à partir du 1er octobre 1961. En 1972, un référendum met fin au fédéralisme.