La situation acridienne dans les comtés du nord et du centre du Kenya « reste alarmante ». Des bandes larvaires largement répandues sont présentes dans une grande zone et, dans certaines parties, les larves ont déjà atteint la 4ème étape, a averti M. Abdelghani Bouaichi, expert de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’agriculture (FAO).
« Dans un mois, avec le début des pluies, des essaims immatures à grande échelle sont susceptibles de se former et peuvent envahir les parties nord-est et nord-ouest de Kenya. Compte tenu des conditions écologiques et météorologiques actuellement favorables, le développement larvaire devrait en principe être achevé fin mars 2020 », a ajouté cet expert marocain également Directeur du Centre National de lutte anti-acridienne, qui se trouve actuellement au Kenya dans le cadre d’une mission de formation initiée par la FAO en faveur des cadres kényans.
La zone actuellement infestée avec des bandes larvaires est estimée à 93.000 ha et nécessitera d’importantes interventions de lutte dans le mois prochain à raison d’environ 3000 ha par jour afin de réduire la population acridienne.
Il a toutefois relevé que la pénurie de pesticides au cours de cette période cruciale peut remettre en cause le succès de l’opération, « d’où la nécessité d’approvisionner les bases en pesticides et autres équipements dans les plus brefs délais ».
Pour cet expert marocain, la situation début mars 2020 reste extrêmement alarmante dans la Corne de l’Afrique, en particulier au Kenya, en Éthiopie et en Somalie où une reproduction généralisée est en cours et de nouveaux essaims devraient se former dans les semaines à venir.
« Ces derniers jours, il y a eu un mouvement important d’essaims au-dessus de la péninsule arabique, sans rapport avec la corne de l’Afrique, qui a atteint les deux côtés du golfe Persique (Qatar, Bahreïn et Kuwait) », a-t-il soutenu.
Interrogé sur ses prévisions pour l’Afrique de l’Ouest dans les mois à venir, M. Bouaichi a expliqué qu’en référence aux données historiques des invasions de 1951-1953, les essaims formés au Kenya et dans le sud de l’Éthiopie, devront se déplacer vers le nord dans les hautes terres du nord de l’Éthiopie vers le mois de mai 2020. « Il est possible, a-t-il ajouté, que la grande majorité de ses essaims poursuivent leur migration vers l’ouest, emportés par des vents de secteur sud-est associés au déplacement vers le nord du front intertropical. Dans ce cas, des essaims pourraient migrer vers le centre du Soudan pour atteindre l’est du Tchad ».