La fuite en avant orchestrée par le général Saïd Chengriha sur la question du Sahara, à coup d’affabulations des médias algériens sur un improbable « état de guerre » entre le Maroc et les séparatistes du polisario, en dit long sur le désarroi dans lequel se trouve le chef d’état-major de l’armée algérienne.
Tout compte fait, cet affolement du général est compréhensible au regard du blocage dans lequel se trouve la junte militaire. Sur le front intérieur, c’est l’embarrassante vacance du pouvoir depuis l’hospitalisation en Allemagne du président Abdelmajid Tebboune il y a plus de deux mois, aggravée par l’opposition d’une population algérienne résolument hostile au régime et, surtout, l’isolement de ce dernier au niveau international.
Assommé par l’avantage enregistré par le Maroc sur la scène internationale au cours des dernières années, le régime algérien a été enfoncé par la récente reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara et par l’ouverture de représentations consulaires successives dans les villes du Sahara.
Devant un tel isolement, Chengriha ne peut que constater les dégâts: La diplomatie algérienne n’a pas seulement échoué à imposer le polisario au niveau international, mais Alger se rend compte que le mouvement séparatiste est désormais vu par de nombreux pays occidentaux comme un vecteur d’instabilité, de terrorisme et de grand banditisme dans la zone sahélo-saharienne.
Pire encore, le régime algérien constate, la mort dans l’âme, que l’illusion de la république Sahraouie qu’il s’est éreinté à soutenir pendant 45 ans, est apparue sous son vrai visage de simple imposture. Aucun membre du Conseil de sécurité, y compris parmi les alliés de l’Algérie, ni aucune grande capitale dans le monde n’ont reconnu cette entité fictive.
C’est dans le contexte de cette débâcle qu’il s’agit de lire la fuite en avant du général Chengriha et son hostilité enragée contre le Maroc. Considérant qu’il n’a désormais plus rien à perdre, le chef d’état-major joue le tout pour le tout et tente de présenter aux algériens le Maroc comme l’ennemi ultime qui justifie une mobilisation nationale, laquelle demeure très hypothétique dans la réalité.