Mauritanie: rôle décisif des services français dans le raid contre AQMI

L’attaque menée le 24 juin par l’armée Mauritanienne contre des katibas de la branche d’Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) en plein territoire malien, n’a pas encore livré tous ses secrets, aussi bien par son ampleur que par son timing. D’après des sources bien informées, le raid aurait été déclenché à la suite d’informations secrètes faisant état de l’arrivée d’armes sophistiquées, en provenance de Libye, dans des camps d’AQMI au Mali. C’est ce qui explique la violence des affrontements, qui ont fait au moins une vingtaine de morts des deux côtés, même si Nouakchott a minimisé ses pertes, selon les mêmes sources. Bien que les troupes Mauritaniennes soient en état d’alerte depuis plusieurs mois déjà, l’attaque du 24 juin au Mali semble avoir été déclenché par des informations confidentielles transmises par les services secrets français.

Ces derniers, particulièrement des éléments de la DPSD (Direction de la protection et de la sécurité de la défense) sont sur la brèche depuis près de dix mois dans la région du Sahel. Le 15 septembre 2010, en effet, des éléments d’AQMI avaient enlevé sept employés du groupe français Areva au Niger. Cinq d’entre eux, de nationalité française, sont encore détenus par les groupes terroristes. Depuis lors, et surtout à la suite de l’intervention française dans le cadre des frappes aériennes de l’OTAN contre les troupes de Kadhafi en Libye, les services français sont sur les dents. Et c’est en surveillant de près les circuits de transport des armements et explosifs pillés dans les arsenaux de Kadhafi, que les services français ont découvert le pot aux roses. Le 18 juin, la DPSD informe Paris que des armes sensibles, y compris des missiles sol-air mobiles, ont quitté la Libye et transité par le territoire algérien avant d’arriver entre les mains de groupes jihadistes au Mali. Les terroristes ont été localisés dans le nord-ouest du Mali, à environ 80 km de la frontière Mauritanienne. Paris a aussitôt alerté directement le président Abdelaziz. Ce dernier ne s’est pas fait prier pour préparer, avec ses plus proches collaborateurs militaires, une opération où l’intervention des hélicoptères d’attaque a été déterminante.