Le mystérieux arsenal d’Aqmi au nord Mali

L’annonce de la fusion entre les séparatistes touaregs du MNLA et les islamistes d’Ansar Edine n’a pas surpris grand monde. Pas plus que la proclamation d’un Etat islamique de l’Azawad dans le nord Mali. Ce qui inquiète davantage les services de renseignement occidentaux, c’est l’arsenal désormais aux mains d’Aqmi, dont Ansar Edine n’est que le prolongement idéologique au Mali.

Depuis que les touaregs laïcs et séparatistes ont fait main basse sur le nord mali en mars dernier, avec l’appui des islamistes d’Ansar Edine, les services de renseignements appréhendaient un ascendant de ces derniers sur les premiers. Et ce qui devait arriver arriva. La fusion des deux n’a fait qu’entériner la montée en puissance des islamistes, la position du chef du MNLA Mohamed Ag Najim s’étant graduellement affaiblie face au dirigeant d’Ansar Edine, Iyad Ag Ghaly, soutenu par l’émir d’Aqmi Abdelmalek Droukdel. En fin de course, c’est la proclamation d’un Etat islamique et l’introduction de la charia comme source du droit qui s’est naturellement imposée. Entre-temps, Aqmi s’est gardé de trop s’exposer, jusqu’à l’annonce de la prise d’un important dépôt d’armes souterrain, le 27 mai, dans la ville de Gao. Un important arsenal, comprenant des pièces d’artillerie lourde et des munitions, que l’armée régulière malienne avait aménagé en prévision d’une longue confrontation avec le MNLA et les groupes islamistes. Ce dernier butin tombé aux mains d’Aqmi vient s’ajouter aux armes sophistiquées rapportées de Libye en 2011. Les services occidentaux sont convaincus que les terribles missiles sol-air portables SA-7 disparus des arsenaux de Kadhafi, ont pris leur chemin vers les groupes djihadistes du Sahel. Ces redoutables engins représentent une véritable menace pour les vols au-dessus du Sahel. Ce qui fait de la franchise d’Al Qaida au Maghreb et des ses groupes satellites qui écument le Sahel, une redoutable force dissuasive dans toute la région. Les observateurs militaires craignent à présent une afghanisation rampante du Sahel, avec son corollaire d’instabilité et de multiplication des prises d’otages occidentaux dans tous les pays de la zone.