Mohamed Bazoum, le ministre nigérien des affaires étrangères tire à boulets rouges sur l’Algérie pour sa responsabilité dans ce qui se passe dans le Nord Mali. Dans une interview à RFI, le chef de la diplomatie nigérienne
n’y est pas allé par quatre chemins dans son diagnostic de la situation actuelle au Mali.
Pour lui, l’Algérie assume une grande part de responsabilité dans la crise actuelle dans le nord malien, dont les deux tiers du territoire sont sous le contrôle de groupes séparatistes armés. La cause réside, selon Mohamed Bazoum, dans la « mise en hibernation » par Alger du Cemoc, le Comité d’état-major regroupant l’Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie. Le Cemoc qui a été porté à bout de bras par l’Algérie jusqu’à l’installation de son siège en avril 2010 à Tamanrasset dans le sud algérien, est resté pourtant désespérément inopérant. Ceci, au moment où les pays de la région en avaient le plus besoin, puisque le rôle de cette structure militaire était précisément de coordonner la lutte antiterroriste au Sahel. « Nous étions dans le Cemoc ensemble, et le comité d’état-major opérationnel unifié était conçu pour faire face à de telles situations. Or, depuis que cela est arrivé au Mali, le Cemoc a été mis en hibernation », a lâché amer, le chef de la diplomatie nigérien.
La déception du ministre malien est d’autant plus grande que l’Algérie s’est attribuée le rôle de « pivot » de la lutte antiterroriste dans toute la région sahélo-saharienne. Le Cemoc, dont l’Algérie était l’instigateur, prétendait pouvoir porter ses effectifs jusqu’à 75.000 militaires. Cette prétention a été vite démentie dans les faits, alors que le responsable nigérien a du mal à saisir les motivations d’Alger: « Je ne vois aucune raison qui puisse justifier cette situation de retrait, d’expectative, de la part de l’Algérie aujourd’hui ». L’interrogation du ministre nigérien ne manque pourtant pas de susciter le doute sur la volonté délibérée des hauts gradés algériens de maintenir le statu quo pour servir leurs desseins dans la région.