Le 8 novembre, le général Mohamed Kaidi, chef du département « Emploi et Préparation » en charge des relations particulièrement sensibles entre l’État major, les chefs de région et des services sécuritaires, a été démis de l’armée nationale populaire algérienne (ANP), un limogeage qui n’est que la partie visible de l’iceberg des règlements de comptes au sein de l’armée.
Considéré comme un haut responsable dans la chaîne du commandement de l’armée, le général Kaidi, jeune militaire par rapport aux autres officiers généraux, est connu dans le cercle de l’armée et même de la société civile pour ses compétences et son intelligence. Il était d’ailleurs pressenti pour remplacer le général Said Chengriha.
Juste avant son limogeage, le général Kaidi représentait le 27 octobre dernier l’Algérie à la 13ème réunion à Nouakchott des chefs d’état-major des armées des pays membres de l’Initiative «5+5 Défense»: les 5 pays maghrébins avec l’Espagne, la France, l’Italie, Malte, le Portugal. Ce qui dénote qu’il jouissait d’une prétendue confiance de son patron.
Auparavant, il avait pris part par visioconférence, à la 3ème réunion du Comité technique spécialisé sur la Défense, la Sûreté et la Sécurité de l’Union Africaine (UA), en qualité de représentant du ministre de la Défense nationale et du Chef d’Etat-major de l’ANP.
D’après des proches du général Kaidi, ses qualités professionnelles ainsi que sa vision du monde extérieur allaient dans le sens contraire aux intérêts de la junte régnante.
L’accueil qu’il lui a été réservé en tant que chef de la délégation de l’armée algérienne, la gestion de l’assassinat des trois soi-disant algériens ou sahraouis dans l’affaire des camions détruits près de la zone tampon de Bir Lahlou au Sahara et la mission sécrète au Mali, où il a rencontré Iyad Ag Ghali, chef du groupe terroriste GSIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), branche locale d’Al-Qaïda, tous ces faits ont été des prétextes pour mettre fin à la carrière de ce général rebelle.
Il a été remplacé par un autre gradé de la garde républicaine, le général Hasnat Belkacem. Cette garde républicaine qui a juste un rôle dans les missions d’accueil protocolaire.
Le limogeage du général Kaidi intervient dans le sillage d’une série d’éloignements et de disgrâces dont ont été victimes de nombreux hauts gradés, dans ce qui a tout l’air de règlements de comptes au sein de la junte au pouvoir. Depuis la supposée « mort naturelle » du général Gaïd Salah, une trentaine de généraux sont toujours incarcérés pour des raisons ou des motifs insensés.
De même, le général Hichem, patron du Centre principal des opérations de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure, connu sous le nom de la caserne Antar, a été limogé. Le général démis de ses fonctions était promis à remplacer le général Abdelghani Rachedi et devenir ainsi le numéro 1 de la DGSI.
Le général Hichem aurait déclenché de nombreuses investigations sur les implications de plusieurs parents proches, conseillers et collaborateurs du président algérien, Abdelmajid Tebboune.