Une douzaine d’organisations de la diaspora algérienne ont exhorté le président français Emmanuel Macron à « ne pas occulter » lors de sa visite en Algérie la question de la « dégradation » des droits humains dans ce pays et « à ne pas cautionner cette dérive despotique du régime algérien », dans une lettre ouverte.
Emmanuel Macron effectuera du 25 au 27 août une visite officielle à Alger.
Treize organisations, dont Debout l’Algérie, Action citoyenne pour l’Algérie, Groupe Algérie Droit Devant, le Collectif des Familles de disparus en Algérie ou la Coordination des Algériens du monde, ont envoyé samedi à M. Macron cette lettre ouverte.
« Près de dix mille arrestations suivies d’au moins un millier de détentions provisoires abusives en violation du code pénal sont à l’actif de ce régime depuis le début » des manifestations pro-démocratie du Hirak (lancé en février 2019) qui ont ébranlé le pouvoir, dénoncent ces organisations.
« La réponse des autorités algériennes aux aspirations populaires a été une politique répressive inédite par sa stratégie de la terreur pour réduire au silence les populations en situation de rupture avec les tenants du système politique en place », selon la lettre.
Aujourd’hui, « les quelques acquis obtenus au prix de décennies de lutte et d’engagement citoyen (…) sur la liberté d’expression, d’organisation, de manifestation, de presse et de l’activité politique sont en net recul, voire en voie de disparition » et « toutes les formes d’expression en dehors de la ligne du pouvoir sont systématiquement réprimées », fustigent les organisations signataires.
Elles notent que la « diaspora algérienne n’est pas épargnée en raison de son implication et de son soutien massif et continu au mouvement populaire », soulignant que les « Algériens en France mais également les Franco-Algériens craignent des mesures de rétorsion dans leurs déplacements en Algérie et se trouvent ainsi limités dans leur liberté de circulation ».
« En choisissant Alger comme destination pour le début de son mandat, le président Macron montre que l’Algérie est en train de revenir sur la scène régionale et internationale », relève Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève.
L’ancien ambassadeur de France en Algérie Xavier Driencourt ne voit en revanche « pas bien l’intérêt d’une telle visite actuellement ».
« Il n’y a pas de changement récent dans les relations avec l’Algérie », fait-il observer. « Il faudrait quand même qu’il y ait des gestes d’Alger sur un certain nombre de nos demandes que sont les laissez-passer consulaires, les affaires économiques », avance-t-il.
Les relations franco-algériennes ont connu un coup de froid lorsqu’en septembre 2021, selon des propos du président rapportés dans la presse où il a reproché au système « politico-militaire » algérien d’entretenir une « rente mémorielle » autour de la guerre d’indépendance et s’est interrogé sur l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation.